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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/902

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Le député de Rouen avait tout à fait raison : on ne peut constituer un grand port avec une profondeur de 3m,20 ; aussi concluait-il à l’adoption de ce chiffre et ultérieurement repoussait-il avec énergie la proposition de l’augmenter. La loi ouvrant des crédits pour l’exécution des travaux fut publiée le 3 avril 1878. Quelques semaines après, s’ouvrait l’exposition, qui montra au monde étonné le relèvement industriel et commercial d’un pays que l’on croyait abattu. Elle fut l’occasion d’un congrès de navigation, où se réunirent nombre d’ingénieurs éminens de la France et de l’étranger, et, chose curieuse, la discussion porta tout de suite sur cette question que le service de la navigation et les Rouennais croyaient à jamais close.

Des protestations énergiques s’élevèrent sur la profondeur qui avait été adoptée, et un vœu émis presque à l’unanimité demanda que la hauteur utile fût fixée à 7 mètres.

Un ancien président du Conseil Aes, ministres n’hésita pas à déclarer que l’on ne fait pas un port avec une profondeur de 3m,20 ; on fit aussi remarquer que ce chiffre avait été adopté sans prendre l’avis d’officiers de marine, de capitaines au long cours, ou d’armateurs.

Il est bien difficile à une administration de revenir sur un projet qui a fait l’objet d’une loi. Le conseil général des Ponts et Chaussées avait bien donné son assentiment à contre-cœur, mais pouvait-on l’engager à se déjuger ? D’ailleurs le ministre eût eu contre lui le rapporteur même de la loi et tous ses collègues de la Seine-Inférieure ; en plus le statu quo était impossible, en raison des plaintes de la batellerie ; les travaux furent donc commencés. Les réclamations devaient être de plus en plus vives à partir de ce moment, et comme on espérait toujours faire arrêter les travaux, les projets se succédèrent avec rapidité, tous ayant en vue la création d’un grand port à Paris. Après celui de M. Mainfroy, qui demandait un canal d’une profondeur de 7 mètres, vinrent tour à tour ceux de MM. Labadie, Manier, Carro, Réals, Gourdon, proposant des tracés suivant plus ou moins le cours du fleuve.

En dehors du bassin de la Seine et aboutissant aux ports de Dieppe ou de Boulogne, on a aussi une autre série de propositions avec des chapelets d’écluses, tous arrivant à des dépenses considérables. Le conseil général des Ponts et Chaussées n’ayant pas jugé utile de les discuter, nous sommes obligés de faire