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LE DROIT DE RÉPONSE

Mediocribus esse poetis — Non homines, non Di, non concessere columnæ ! Évidemment, c’est à ces vers d’Horace que les juges du tribunal de la Seine ont songé quand ils ont débouté l’auteur de Frédégonde de sa demande en insertion de ses « réponses, »…. et de ses vers, dans les « colonnes » de la Revue des Deux Mondes ; et, au fait, si les vers de cette Frédégonde avaient seulement valu ceux de Ruu Blas, par exemple, ou d’Hernani, qui doute que, de notre côté, nous nous fussions empressés de les insérer ?

Mais ils ne les valaient pas. Et puis, M. Dubout avait commis une fâcheuse imprudence. Il avait voulu donner la petite pièce après la grande, la comédie après le drame, se consoler de sa chute en faisant rire aux dépens des « critiques », opposer à la sévérité de M. Lemaître l’indulgence de M. Sarcey, la manière de M. Faguet à celle de M. Fouquier ; et ainsi, — si j’ose user d’un style analogue à celui de sa Frédégonde, — se tresser à lui-même, avec les contradictions de ses juges, une couronne où de rares épines fussent dissimulées sous beaucoup de roses. C’était compter sans la loi dont il invoquait le bénéfice. Dans un débat où il ne s’agissait que de M. Lemaître et de lui, il avait eu le tort de mettre des tiers en cause, et, pour absolu que soit le « droit de réponse », il avait oublié que, comme de tous les droits, l’exercice en est pourtant quelquefois limité par l’existence du droit des autres. Les magistrats le lui ont spirituellement rappelé. M. Dubout avait le droit de penser, et il l’a de penser encore que sa Frédégonde est un chef-d’œuvre ; il pouvait essayer de nous le démontrer ; il