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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 145.djvu/624

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combat on entend les cris horribles de blessés qui brûlent vifs sous les décombres enflammés.

Grouchy, de son côté, a commencé son attaque contre la gauche prussienne. Sa cavalerie a chassé de Boignée les postes ennemis, et la division Hulot, du corps de Gérard, passée sous son commandement immédiat, menace Tongrinelle et tiraille devant Potriaux avec les Prussiens de Borcke.

Sur tous les points, de nouvelles batteries entrent en action, la fusillade se précipite. Le ruisseau de la Ligne, sur les bords duquel on se bat depuis la Haie jusqu’à Tongrinelle, enserre les coteaux, pareil à un tleuve infernal, dans un cercle de fumée et de feu.


VII

Vers quatre heures, l’action s’est encore étendue à l’ouest. Girard a lancé sa division contre le Hameau et la Haie. L’assaut est si prompt, si ardent, si résolu que les Prussiens terrifiés lâchent pied presque sans coup férir[1]. Blûcher, solide à son centre, intact à sa gauche, voit sa droite débordée. Il veut la dégager par une vigoureuse contre-attaque. Il lui faut à tout prix se donner de l’air de ce côté, car c’est par là qu’il compte déboucher plus tard avec les Anglais, dont il attend toujours le concours. Le feld-maréchal n’hésite point à dégarnir sa réserve. La division Pirch II, la seule du corps de Zieten qui ne soit pas encore au feu, marchera de Brye contre la Haie et Saint-Amand, tandis que la cavalerie de Jürgass, du corps de Pirch Ier, et la division Tippelskirch, du même corps, en tout 47 escadrons et 9 bataillons, se porteront sur Wagnelée, d’oii elles fondront sur le flanc des Français.

Formée en colonnes de bataillons, l’infanterie de Pirch II aborde à la baïonnette les soldats de Girard qui sont déjà sortis de la Haie pour tourner Saint-Amand, où les Prussiens de Steinmetz sont rentrés en forces et réoccupent plusieurs points. La division Girard plie sous l’attaque de ces troupes fraîches, se retire dans la Haie, et, après une lutte opiniâtre, abandonne la moitié de ce hameau. Avec un chef comme Girard, ce n’est pas pour longtemps. Il reforme dans les rues que balayent balles et boulets ses

  1. Les divisions Thuemen, Schülenburg et Sohr, du corps de Pirch, et la division Marwitz, détachée du corps de Thielmann.