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division Jérôme, dès qu’elle déboucherait sur le champ de bataille. Après une courte canonnade, le maréchal lança dans la direction de Piraumont la division Bachelu, la cavalerie de Piré et la brigade Jamin de la division Foy. La seconde brigade de Foy (général Gauthiez) resta provisoirement en réserve. La division Bachelu et la cavalerie de Piré s’avancèrent entre le bois de la Hutte et la chaussée vers Piraumont. Les Néerlandais, postés en première ligne, n’étaient pas en nombre pour soutenir cette attaque. Bachelu refoula sans peine le 27e chasseurs jusqu’à Piraumont. Parvenu à la hauteur de la ferme Lairalle, la brigade Jamin, conduite par Foy, fit tête de colonne à gauche, replia le 2e bataillon de Nassau, et débusqua de Gemioncourt le 5e bataillon de milice dont les débris se reformèrent à l’ouest de la route et se mirent en retraite vers le bois de Bossu. Ney les fit alors charger par les lanciers de Piré, qui les culbutèrent. Le prince d’Orange, serré de près, ne dut son salut qu’à la vitesse de son cheval ; un de ses aides de camp fut blessé et fait prisonnier. Sauf à la droite, où les quatre bataillons du prince Bernard de Saxe-Weimar n’avaient pas encore été inquiétés, on était maître des positions avancées de l’ennemi.

Il était environs 3 heures. Wellington, de retour du moulin de Winter, jugea la situation critique, presque désespérée. Quelques instans encore, on allait être forcé aux Quatre-Bras par Foy, déjà en marche pour attaquer ce hameau au sud, et par Bachelu bientôt en situation de l’attaquer à l’est. Des renforts arrivèrent : la brigade van Merlen (6e hussards et 5e dragons) par la route de Nivelles, la division Picton (8 bataillons anglais et 4 hanovriens) par la route de Bruxelles. Wellington était surtout inquiet pour la gauche de sa ligne, à peu près dégarnie et que menaçait Bachelu, maître de la ferme de Piraumont et de ses dépendances. La division Picton, par un mouvement d’en avant en bataille, se porta sur la route de Namur, les brigades Kempt et Pack, en première ligne, à genoux dans les blés, la brigade hanovrienne en seconde ligne, abritée par le talus de la route.

Pendant le déploiement des Anglais, le prince d’Orange lança successivement ses hussards et ses dragons contre la colonne de Foy dont les tirailleurs étaient à huit cents mètres des Quatre-Bras. Avant d’avoir pu aborder cette infanterie, les escadrons néerlandais furent rompus tour à tour par les lanciers de Piré, qui les ramenèrent à vive allure au-delà des Quatre-Bras. Wellington