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De 6 à 7 heures, Wellington a reçu de nouveaux renforts : l’artillerie de Brunswick, les brigades de gardes anglaises Maitland et Byng. Il a maintenant 35 000 hommes, déduction faite de ses pertes. Les Français ne sont plus que 19 000. A son tour d’attaquer, — d’attaquer à coup sûr, comme il l’aime faire. Maitland et Byng s’engagent dans le bois de Bossu ; Halkett et Pack, soutenus par le corps de Brunswick, marchent à droite et à gauche de la route dans la direction de Gémioncourt ; les Anglais de Kemptet les Hanovriens de Kielmansegge convergent vers Piraumont. Les Français ne cèdent le terrain conquis que pied à pied et sous des attaques réitérées. Il faut plus d’une heure pour refouler Jérôme hors du bois de Bossu. Foy, repoussé de position en position jusqu’à Gémioncourt, tient longtemps encore autour de cette ferme. Bachelu n’abandonne Piraumont qu’après un vif combat. Passé 8 heures, la brigade Maitland ayant débouché de la lisière sud-ouest du bois de Bossu pour reprendre Pierrepont, une des batteries de Foy l’arrête par son feu, puis les infatigables lanciers de Piré la chargent, la mettent en désordre et la poursuivent jusqu’au ruisseau de Gémioncourt où elle échappe en rentrant sous bois. En même temps, les cuirassiers culbutent, au nord-ouest de Pierrepont, le 7e bataillon belge. Partout les amas de morts et la foule des blessés témoignent de la fureur de la lutte : 4 300 Français et 4 700 Anglo-Néerlandais.

A 9 heures, la bataille perdue ou plutôt terminée sans résultat, car les deux armées reprirent les positions qu’elles occupaient le matin[1], le 1er corps déboucha de Frasnes.

Rejoint vers 6 heures et demie, à une grande portée de canon de Saint-Amand, par le général Delcambre, le comte d’Erlon avait hésité entre les premières instructions de l’Empereur et l’ordre impératif de Ney. Malgré les instances de ses généraux, il s’était enfin déterminé à une contremarche, jugeant que, pour le rappeler malgré la volonté de Napoléon, le maréchal devait être dans un extrême péril. Mais d’Erlon n’avait point réfléchi que, se trouvant à trois kilomètres de Fleurus et à trois lieues des Quatre-Bras, il était à même d’aider très efficacement l’Empereur, tandis qu’il ne pourrait arriver à temps pour secourir Ney. En

  1. A la différence pourtant que l’ennemi s’établit en forces sur les positions où il n’avait le matin que des détachemens, et aussi que les Français conservèrent la ferme de Pierrepont prise à la brigade du prince Bernard de Saxe-Weimar au milieu du combat.