incandescentes, en éblouissans paysages. Enfin, outre tous ces gaziers, fondeurs, verriers, la verrerie comprend encore tout un monde d’ouvriers et d’ouvrières auxiliaires, toute une suite de chantiers et d’ateliers : menuisiers, ajusteurs, maçons, forgerons, ouvriers d’art, qui réparent, entretiennent ou perfectionnent l’outillage ; vannières, marqueuses, jaugeuses, emballeuses, qui tressent les paniers pour les bombonnes, marquent les bouteilles, jaugent les contenances de mesure réglementaire, et emballent les envois dans les wagons.
Tous ces différens services fonctionnent à Carmaux, à la Verrerie Sainte-Clotilde, dont l’aspect, entre les deux petits pavillons enfumés qui encadrent sa grille, est plutôt d’abord celui d’un atelier de serrurerie ou d’un magasin de marchand de fer. Mais la multitude ouvrière, le bruit, la vie, l’étendue, l’activité des chantiers, vous annoncent tout de suite une grande usine. Cinq fours, actuellement, sont en feu, trois en marche complète, et la fabrique produit une moyenne de trente mille bouteilles par jour. Les forges flambent, les marteaux-pilons tonnent, les femmes travaillent dans les vanneries, aux appareils de gravage, remplissent et renversent les litres dans les machines à jauger, et les fours, avec leur tapage, leur atmosphère foudroyante, la pantomime à cent têtes, au double de bras et de mains, qui s’y démène, complètent le tumulte et la mêlée. Gamins, grands garçons, souffleurs se secouent comme dans une bataille, pendant que les fournaises s’ouvrent et se referment, que les petits porteurs emportent les bouteilles, et que les goulots, cassés au bout des cannes, font entendre, dans le bruit du feu, la grêle de leur cliquetis sec. Noirs, brûlés, ravinés de sueur, tout nus dans leurs longues chemises, les verriers se passent les cannes, se les jettent, soufflent en gonflant leurs joues, ruisselans, trépidans, soutenus par leur fièvre, et avalant, dans un jour, pour ne pas tomber calcinés, jusqu’à dix et douze litres d’eau.
L’espèce de hiérarchie verrière que nous voyons là à l’œuvre, le Gamin, le Grand Garçon, le Souffleur, est seule, en réalité, à constituer la véritable corporation des verriers, celle qu’on pourrait appeler la corporation artiste. C’est d’elle seule, également, ou surtout d’elle, que viennent les révoltes et les grèves. Le verrier