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de la mer qu’il doit se porter. Aussi, loin d’y trouver des inconvéniens, nous ne verrions que des avantages à ce que le lien qui existe déjà entre la Grèce et la Crète se resserrât davantage. La candidature du prince Georges aurait donc tous nos suffrages. Elle serait pour la Grèce une compensation immédiate aux déceptions de la dernière campagne, et lui ouvrirait pour l’avenir des espérances presque certaines du succès si elle avait la patience et la sagesse d’attendre le moment propice pour les réaliser. Mais cette quatrième candidature aura-t-elle une meilleure fortune que ses aînées ? Ce qui nous inquiète à son sujet, c’est précisément qu’on la traite un peu comme les autres : on n’en dit ni bien ni mal, on n’en parle pas assez. Or les précédentes ont cessé d’exister lorsqu’on a cessé d’en parler, sans autre cause apparente. Et cependant, il serait bien temps de prendre un parti en Crète. Nous ne cesserons de dire que l’Europe, après les engagemens qu’elle a contractés, se déshonore par son inaction ; mais il en est du concert européen comme des assemblées où la responsabilité s’atténue en se divisant ; et quand on se déshonore à six, aucun ne ressent plus que légèrement un embarras qu’il lui est si facile de rejeter sur les autres. En tout cela, il faut surtout plaindre la Crète. Aucune des promesses qui lui avaient été faites n’a été encore tenue ; et aucune ne le sera avant qu’on ait enfin choisi ou accepté pour elle un gouverneur.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-gérant,

F. BRUNETIERE.