Cette journée nous a coûté vingt-trois tués et cinquante-trois blessés. Le lendemain, séjour. Le 24, la colonne gagna Relizane pour prendre des munitions et des vivres et attendre une autre colonne pour entrer dans le pays. La cavalerie et les blessés vinrent donc à Bel-Assel. Le corps du colonel Berthier que nous sommes parvenus à conserver a été porté le même jour à Mostaganem ; un détachement de vingt-cinq chevaux commandé par M. de Canclaux l’attendait à Bel-Assel ; il a été enterré ce matin.
Me voici maintenant de retour à la colonne. J’ai ainsi fait mes trente-six lieues en deux jours avec le même cheval. Ces combats nous ont coûté trente tués, quatre-vingt-dix blessés, presque tous gravement. Depuis bien longtemps, on n’avait vu un semblable acharnement. C’est le Rhamadan et ils sont fanatisés.
Maintenant plus que jamais je vous donnerai de mes nouvelles exactement. Je m’arrête. Adieu, mon cher père.
Au bivouac de Ifizet, le 30 janvier 1846.
Monsieur le Lieutenant général,
Je viens de recevoir seulement il y a trois jours la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire par le Montezuma, pour m’annoncer l’arrivée de sept cents mulets des remontes de Saint-Maixent et de Guéret. Ce renfort nous sera fort utile, surtout si ce sont des mulets courts de reins et habitués à porter. Malheureusement, on nous envoie souvent des mulets qui, fort beaux et fort bons pour le trait, ne peuvent nous rendre aucun service sous le bât. Et ce sont ces derniers qui nous manquent le plus habituellement. Ce que vous me dites de ce nouveau détachement me rassure tout à fait.
Nos effectifs, dans les corps les moins anciens en Afrique, sont toujours fort réduits. Aussi importe-t-il que de leurs dépôts en France, on leur envoie tout ce qui est en état de porter un fusil ou de monter à cheval, suivant l’arme. Vous l’avez si bien compris que vous avez été le premier à demander au ministre l’autorisation de faire embarquer les hommes du 44e et du 16e