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à Hanovre[1] : ce seront autant d’écoles où les jeunes électriciens se formeront ; autant de centres de travaux scientifiques qui se mettront d’eux-mêmes en rapport avec les industriels destinés à appliquer leurs découvertes. Pour les usines de produits chimiques, les communications entre elles et les Universités sont régulières. Les directeurs de fabriques sont toujours prêts à mettre leur outillage au service d’un savant qui leur demande de faire une expérience ; réciproquement, celui-ci ne refusera jamais d’examiner un problème qu’ils lui soumettront.

Cette collaboration intime de la science et de l’industrie a donné les plus brillans résultats : une fabrique à Ludwigshafen emploie aujourd’hui à elle seule plus d’ingénieurs chimistes que toute l’Angleterre n’en a pour la même branche. Ce dernier pays n’a pas d’écoles de chimie industrielle ; la France n’en a pas assez. L’exemple de la Ville de Paris, qui a fondé il y a une quinzaine d’années une école municipale de physique et de chimie industrielles, devrait être suivi plus fréquemment.

Les Allemands ont remplacé dans leurs usines les contre-maîtres par des docteurs ès sciences, qui joignent à leurs connaissances techniques le mérite de présenter des garanties de caractère qui ont leur prix. Ils ne sont pas exposés à s’attacher aveuglément à une routine qui est souvent devenue une règle pour d’anciens manœuvres montés en grade. Ils imposent leur autorité par leur science même ; et les ouvriers, qui, en dépit du socialisme, ont rapporté du régiment, par lequel presque tous ont passé, des habitudes de discipline, voient en eux des officiers, de même que les surveillans et chefs d’équipe représentent à leurs yeux les sous-officiers. Beaucoup de travailleurs s’affilient aux Kriegervereine (unions de guerriers) qui maintiennent entre eux des liens de camaraderie très puissans.

Les laboratoires des usines de produits chimiques sont des centres de travaux ininterrompus, qui se poursuivent dans des directions variées, souvent imprévues, presque toujours fécondes. Une foule de jeunes chimistes poussent leurs recherches dans les voies multiples que leur ont tracées les grandes découvertes. Ils ont à leur disposition, dans leurs laboratoires, des moyens incomparables : la science résout, au fur et à mesure que l’industrie les lui pose, de nouveaux problèmes. Jadis on dépendait

  1. L’une des premières et des plus remarquables écoles d’électricité a été fondée à Liège en Belgique par le sénateur Montefiore-Lévi.