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ont considérablement augmenté le champ d’action de la société. En même temps, elle s’occupe d’installer à Buenos-Ayres la lumière électrique et d’y créer une station centrale qui fournira aussi la force pour un chemin de fer électrique : un premier capital de 15 millions de marks est prévu. Dans la même ville, un autre établissement électrique, fondé par l’initiative française, a dû confier une partie de ses travaux à la compagnie allemande Union-Lœwe. Au Chili se constitue, au capital de 1 600 000 livres sterling, c’est-à-dire 40 millions de francs, une société électrique, dont la maison Wernher Beit et Cie, de Londres, prend la moitié, la Société générale d’électricité, un quart, et l’Union-Lœwe le dernier quart. On parle d’organiser à Rio-de-Janeiro une société semblable avec les mêmes élémens. Nous pourrions passer en revue les rapports aux assemblées des diverses compagnies électriques : partout, nous constaterions la même activité, nous admirerions le nombre de concessions recherchées et obtenues en Allemagne et à l’étranger. Chaque mois, chaque semaine presque, voit l’éclosion de nouvelles affaires ; hier, c’était la maison Siemens et Halske qui créait une société pour la construction de chemins de fer électriques aériens et souterrains à Berlin ; aujourd’hui, c’est la société générale d’électricité (A. E. G., comme on désigne à l’américaine par ses initiales l’Allgemeine Electrizitäts Gesellschaft) qui crée une compagnie pour installations électriques de lumière et de force.

Un bataillon d’ingénieurs est au service d’une direction centrale remplie d’ardeur, à l’affût des commandes dans le pays et à l’étranger, ne les attendant même pas, allant les provoquer, invitant les municipalités à procéder à la transformation de leurs anciens systèmes d’éclairage ou de transport. Cette multiplicité d’affaires a les conséquences les plus heureuses pour les sociétés : leur personnel est sans cesse occupé ; son expérience grandit chaque jour, sur les terrains variés où il lui est donné de travailler ; le renom de l’entreprise se répand dans le monde entier, si bien que chaque fois qu’un État, une ville, une compagnie, un particulier ont besoin d’une installation électrique, ils sont conduits en quelque sorte instinctivement à s’adresser à cette société allemande, dont le nom a frappé leurs oreilles, dont ils ont entendu louer les travaux, qu’ils ont vue à l’œuvre chez des voisins.

Voilà comment quelques hommes d’initiative, secondés par les établissemens de crédit et les premiers banquiers de l’Allemagne,