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NAPOLÉON III

LA GUERRE DE CRIMÉE


I

Pendant toute la guerre de Crimée, Napoléon III eut présent à l’esprit le dessein qui lui avait mis les armes à la main. Les difficultés imprévues, chaque jour grossissantes, du siège de Sébastopol, rendaient plus précieux le concours de l’Autriche et plus pressantes les instances des puissances occidentales pour l’obtenir. Ce concours eût été sans nul doute accordé, et sans délai, si la Prusse, entraînant avec elle la Confédération, eût consenti à couvrir les derrières de l’armée autrichienne par un déploiement offensif de troupes. Mais le roi de Prusse était plus que jamais éloigné de ces dispositions. Aussitôt que l’intérêt allemand eut été mis hors de jeu par l’entrée des troupes autrichiennes dans les Principautés abandonnées par les Russes (20 août), il n’admit plus qu’on lui parlât de sortir de sa neutralité ; il n’écouta ni les conseils du prince Albert et de la reine Victoria, ni ceux de son ami Bunsen, ni ceux de son frère. Il écrit nettement à l’empereur François-Joseph qu’il appuiera les justes demandes des puissances, mais que, si on veut les imposer par la force, il ne

  1. Voyez la Revue du 15 lévrier et du 1er mars.