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LES REVUES ÉTRANGÈRES

LA CORRESPONDACE
D’UN PRÉRAPHAËLITE ALLEMAND

Edward von Steinle’s Briefwechsel mit seinen Freunden, 2 vol. in-8o, publiés par A. M. von Steinle. Fribourg-en-Brisgau, librairie Herder.

Vers le même temps où paraissait à Londres l’important recueil de lettres du peintre préraphaélite anglais Dante Gabriel Rossetti, dont j’ai rendu compte le mois passé, une librairie catholique de Fribourg-en-Brisgau publiait, en deux gros volumes, la Correspondance d’un autre préraphaélite, le peintre allemand Edward Steinle, qui fut, comme l’on sait, avec Overbeck, Führich, et le juif converti Philippe Veit, l’un des chefs de la célèbre école des Nazaréens. Préraphaélites, ces maîtres allemands l’étaient davantage encore, au nom près, que les Millais, les Hunt et les Rossetti ; ils l’étaient vraiment autant qu’on peut l’être quand on a le malheur d’être venu au monde après Raphaël ; et si leur préraphaélisme n’égalait pas en authenticité celui des peintres d’avant la Renaissance, je serais tenté de dire qu’il était en revanche plus conscient, plus décidé, et, jusqu’à un certain point, plus typique. C’est ce que prouve, avec une évidence absolue, le recueil des lettres d’Edward Steinle. Mieux que tous les travaux de l’histoire et de la critique, il nous introduit dans l’intimité de ces étranges Allemands qui, au seuil du XIXe siècle, se sont efforcés de faire renaître en eux l’âme, et de mener la vie, des artisans italiens du Quattrocento.

Il nous les montre d’abord prenant au sérieux, de tout leur cœur,