qu’à leur audace et à leur faconde. À leur place, on vit surgir des hommes comme William Allan, Robert Applegarth, Howell, Newton, Broadhurst et Macdonald, simples ouvriers comme eux, mais ayant su acquérir, à force de travail, une instruction assez complète.
L’expérience prouva vite aux nouveaux chefs qu’ils ne pourraient pas agir seuls et qu’il leur fallait, pour seconder leurs efforts et leur bonne volonté, le concours d’hommes appartenant à une autre classe et capables de les diriger sur le terrain parlementaire et judiciaire. Mundella fut un de leurs premiers conseillers, et il sut grouper autour d’eux des défenseurs dont l’influence a été considérable sur la démocratie anglaise. C’était, d’une part, lord Goderich, marquis de Ripon, et ses amis, qu’une certaine presse affectait d’appeler les socialistes chrétiens ; de l’autre, des professeurs des grandes Universités, des jeunes membres du barreau et du Parlement comme le professeur Beesly, Ludlow, Thomas Hughes, Harrisson et d’autres encore, qui comprirent toute l’importance du rôle qu’ils avaient à remplir et réussirent à gagner l’estime et l’affection des ouvriers. Ils cherchaient à arracher les Unions aux influences révolutionnaires et socialistes en prouvant aux travailleurs qu’ils pouvaient, par des voies légales et régulières, au moyen d’une entente avec les patrons, obtenir une meilleure répartition des bénéfices de la production et une amélioration de leur sort.
La création des conseils d’arbitrage leur parut la solution la plus favorable et la meilleure réponse à faire aux agitateurs et aux impatiens qui leur reprochaient de faire de la théorie et de perdre de vue les intérêts professionnels. En effet, par ce moyen, il leur devenait possible d’obtenir le relèvement progressif des salaires et la réduction des heures de travail sans ruiner périodiquement leurs caisses par des grèves désastreuses : ils comprirent que la reconnaissance de l’existence des Unions par les patrons était le premier pas vers la reconnaissance légale, et virent dans le Comité mixte le lien de droit entre l’Union des patrons et celle des ouvriers. Ils apportèrent à Mundella le concours le plus sincère et le plus efficace, et la nouvelle institution se propagea rapidement. De tous côtés, les ouvriers s’adressaient à Mundella qui dut se multiplier, faire partout des conférences, organiser des arbitrages et entretenir avec les chefs des patrons et des ouvriers une correspondance énorme dont les journaux ont récemment