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l’opposition des patrons étaient déclarés illégaux. » La troisième clause du bill qui contenait des pénalités très sévères fut encore aggravée par la Chambre des lords. Mundella et Th. Hughes furent les seuls à défendre devant la Chambre l’intégralité des demandes des Unions.

A la suite de ce vote, commença une très vive agitation : de toutes parts, les Unions multiplièrent les pétitions et les meetings pour demander l’abrogation du Criminal Amendment Act, mais tous les efforts échouèrent devant l’opposition de Gladstone qui craignait de mécontenter sa majorité. Comme au temps de Peel, les conservateurs saisirent l’occasion et prirent la tête du mouvement : les élections de 1874 firent entrer au Parlement en même temps qu’une majorité de tories, treize candidats ouvriers parmi lesquels se trouvaient Macdonald et Burt, et fidèle aux engagemens pris, Disraeli, devenu premier ministre, fit voter en 1875 le bill d’émancipation. On était alors à l’apogée du mouvement corporatif, et le congrès de Sheffield avait pu constater l’adhésion de 1 100 000 ouvriers syndiqués régulièrement représentés.

« L’Employer and Workmen Act 38 et 39 vict. 90, donnait toute satisfaction aux Unions : maîtres et ouvriers devenaient deux parties traitant sur le pied d’égalité et la loi reconnaissait le Collective Bargaining (marchandage collectif) avec toutes ses conséquences.

Mundella déplorait l’aveuglement de ses amis politiques qui lui semblaient méconnaître les exigences de la situation, mais ses idées rencontraient une grande résistance parmi les radicaux. John Bright et lord Shaftesbury étaient les adversaires résolus du régime corporatif, qu’ils considéraient comme la pire tyrannie que les ouvriers aient jamais subie, et ils avaient avec eux des hommes comme John Morley, qui s’indignait de la conduite des Unions vis-à-vis des travailleurs non syndiqués.

Les ouvriers n’admettaient pas ces scrupules et considéraient cette résistance comme une trahison. Ils avaient voté en grande majorité aux élections générales pour les candidats tories et au Congrès de Glasgow en 1875, les vétérans des Unions Odger et Howell firent un éloge chaleureux du cabinet conservateur et de M. Cross qui avait présenté le bill.

Mundella était un des apôtres de la liberté d’association, mais il avait suivi de trop près le développement et la vie des associations ouvrières pour ne pas comprendre que la liberté illimitée