l’Afrique, les nobles animaux que l’Espagne élève et les armes qui se fabriquent dans les Gaules… Arles est enfin le lieu que la mer Méditerranée et le Rhône semblent avoir choisi pour y réunir leurs eaux et pour en faire le rendez-vous des nations qui habitent sur les rivages qu’ils baignent. »
Le grand rôle d’Arles se soutient pendant le moyen âge. Capitale du royaume qui porte son nom du IXe au XIe siècle, république indépendante au XIIe et au XIIIe, elle doit son importance politique à son importance commerciale. Arles est un des ports d’embarquement pour l’Orient les plus fréquentés par les croisés. C’est de là que part le bon sire de Joinville. La flotte anglaise, allant rejoindre le roi Richard en Palestine, fait escale à Arles ; au XIIIe siècle, les flottes des Génois et des Pisans pénètrent dans le Rhône et s’y livrent même bataille. La République d’Arles conclut des traités de commerce et de navigation avec les républiques de Gênes (1211 et 1237), de Pise (1211 et 1221) et même de Venise (1221 ? ). Ces traités nous font connaître les principaux élémens de fret des navires arlésiens. Ils portent en Italie ou en rapportent du blé, des légumes, de l’huile, des salaisons, des toiles d’Allemagne et de Champagne, des draps de France, des bois de charpente et de tonnellerie, etc. Les navires grecs et catalans fréquentent en grand nombre le port d’Arles. L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en fait le siège du grand prieuré de Saint-Gilles et l’un des ports d’attache de ses galères. Les marins d’Arles sont renommés à l’égal des plus habiles. Le pavillon d’Arles au lion d’or sur champ d’argent est prépondérant dans l’ancien Sinus Gallicus au point de lui donner son nom, golfe du Lion. Le petit Rhône lui-même a une navigation active qui alimente le port de Saint-Gilles.
La prospérité de la navigation maritime du Rhône se soutint longtemps. Elle commença à décroître lorsque le tonnage des navires augmenta. A partir du XVIIe siècle, les navires étrangers se font plus rares dans le port d’Arles, Marseille les arrête au passage. Le mouvement maritime d’Arles est encore important, mais il n’est plus alimenté que par des navires construits sur place. Ces navires que l’on nomme des allèges sont appropriés à la navigation mixte à laquelle ils sont destinés. Leurs formes sont trapues, leur tonnage varie de 20 à 50 tonneaux. Leur mâture se compose d’un beaupré et d’un mât pourvu d’une vergue unique gréée d’une voile latine. Le nombre de ces bateaux est très