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De même encore, le cours d’eau ou le torrent d’une région montagneuse peut être utilisé pour mettre en branle les roues et les turbines de l’usine située dans la vallée ; sa descente produit un travail mécanique qui serait une création ex nihilo, si l’on ne rattachait pas le phénomène à ses antécédens. On constate que ce n’est qu’une simple restitution, lorsque l’on envisage l’origine de cette eau qui a été transportée, et montée en quelque sorte à son niveau par le jeu des forces naturelles, l’évaporation sous l’action du soleil, la formation des nuages, le transport par les vents, etc. Et l’on voit encore ici qu’une énergie complexe s’est transformée, dans une première condition phénoménale, en énergie potentielle, et que cette énergie potentielle se dépense ensuite dans la seconde phase, sans perte ni gain.

Il y a autant de formes d’énergie que de catégories distinctes de phénomènes ou de variétés dans ces catégories. Les physiciens distinguent deux espèces d’énergie mécanique : l’énergie de mouvement et l’énergie de position, et dans celle-ci diverses variantes, — l’énergie de distance qui répond à la force ; nous venons d’en parler ; l’énergie de surface qui correspond à des phénomènes particuliers de tension superficielle ; et l’énergie de volume qui répond aux phénomènes de pression. Il serait inutile, pour l’objet que nous avons en vue, de nous appesantir davantage sur l’énergie mécanique. Il est plus important de montrer brièvement que les diverses formes d’énergie connues peuvent se transformer les unes dans les autres. Ces formes sont les énergies calorifique, électrique, magnétique, chimique et rayonnante.


On enseigne aujourd’hui dans tous les élémens de physique que le travail mécanique peut se transformer en chaleur et réciproquement la chaleur en travail mécanique. Les frottemens, le choc et la percussion, la compression et la décompression détruisent ou anéantissent l’énergie mécanique communiquée à un corps ou aux organes d’une machine. En même temps que disparaît le mouvement on voit apparaître la chaleur. Les exemples abondent : c’est la boîte de la roue, échauffée par le frottement de l’essieu ; c’est l’inflammation des parcelles d’acier échauffées par le choc de la pierre, dans le briquet ; c’est la fonte des deux morceaux de glace obtenue par Davy en les frottant l’un contre l’autre, la température extérieure étant inférieure à zéro ;