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qui ne saurait être entrepris si les crédits ne sont pas assurés pour une série d’années, le gouvernement a entassé les argumens qui lui paraissaient de nature à bien mettre en relief les intérêts maritimes du pays, et, comme conséquence, la nécessité de les protéger par de puissantes escadres. Il a cherché en même temps à s’assurer le vote des agrariens, en leur démontrant qu’ils n’ont rien à craindre du commerce maritime, que ce n’est pas lui qui inonde le pays de céréales et contribue à la baisse des prix, qu’il est au contraire leur meilleur auxiliaire. Les chiffres de l’exportation par mer indiquent en effet que les produits agricoles y jouent un rôle important : le sucre, par exemple, qui est le plus fort article d’exportation allemand et en représentée lui seul près du seizième, avec une valeur de 236 millions ; le chanvre, la graine de trèfle, les fruits, le beurre, et une série d’autres produits directs ou indirects de l’agriculture : celle-ci contribue pour un sixième au moins à l’exportation.

Quant aux matières brutes et objets demi-fabriques, provenant des mines et usines, il n’en est que deux pour lesquels l’exportation par mer dépasse la moitié de l’exportation totale, les fils de fer et les peaux pour gants. C’est aux objets fabriqués que le commerce maritime est le plus nécessaire : c’est par lui que passent 77 pour 100 des tissus de coton, 83 pour 100 des produits de la brasserie, 75 pour 100 de l’alizarine, 65 pour 100 des rails, 60 pour 100 des fers, 92 pour 100 des fusils, 72 pour 100 du ciment, etc. L’industrie a donc le plus grand besoin de la voie de mer pour ses exportations.


II

En face de ce développement commercial, voyons quel a été celui de la navigation maritime. Le chiffre des navires qui, en 1873, entraient et sortaient des ports allemands était de 94 700, avec un jaugeage de 12 millions de tonnes ; en 1895, il s’élevait à 133 800, avec un tonnage de 30 millions. Dans ce total, le nombre des vapeurs a augmenté de 286 pour 100 ; celui des voiliers a décru de 13 pour 100. Le tonnage des vapeurs a plus que triplé. Les voiliers ne représentent plus en nombre que la moitié de la totalité des navires, et le septième comme tonnage. Trois cinquièmes de la navigation s’effectuent dans la mer du Nord, et deux cinquièmes dans la Baltique. Le cabotage était fait en 1895