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vu dès l’origine dans la notion nouvelle un puissant instrument de pénétration physiologique. La publication dans laquelle R. Mayer exposait, en 1845, ses vues remarquables, du Mouvement organique dans ses rapports avec la nutrition, et le commentaire d’Helmholtz ne laissent pas de doute à cet égard. Les Remarques sur l’équivalent mécanique de la chaleur, d’un caractère plus particulièrement physique, sont postérieures de six années à ce premier ouvrage.

La doctrine de l’énergie ne fait donc que retourner aujourd’hui à la science qui a été son berceau. Elle y revient consacrée par les démonstrations de la physique, comme la plus générale des doctrines qui aient jamais été proposées en philosophie naturelle et comme la moins chargée d’hypothèses. Elle réduit à deux principes fondamentaux la multitude des principes particuliers ou le petit nombre de principes déjà qualifiés de généraux qui régissent les sciences de la nature. On démontre sans trop de peine que le principe de Robert Mayer, convenablement entendu, contient le principe de l’inertie de la matière posé par Galilée et Descartes ; celui de l’égalité de l’action et de la réaction proclamé par Newton ; celui même de la conservation de la matière (ou mieux de la masse) dû à Lavoisier ; et enfin, la loi expérimentale d’équivalence à laquelle est attaché le nom moins célèbre du physicien anglais Joule, d’où l’on fait sortir le principe de Hess et le « principe de l’état initial et de l’état final » de Berthelot.

Et, de même, le principe de Carnot entendu à la façon large et compréhensive des théoriciens contemporains tels que William Thomson (lord Kelvin), Le Chatelier, etc., peut être considéré comme la loi universelle de l’équilibre, mécanique, physique, chimique. Il renferme, comme l’a montré G. Robin, le principe des vitesses virtuelles de d’Alembert, et, selon les physiciens actuels, les lois particulières de l’équilibre physico-chimique et de l’équilibre chimique.

Ces deux principes résument donc toute la science de la nature. Quelques métaphysiciens pensent qu’il est possible de leur donner un couronnement philosophique. Comme la véritable signification de ces lois est d’exprimer la relation nécessaire de tous les phénomènes de l’univers, leur liaison génétique ininterrompue, et par conséquent leur homogénéité réelle opposée à leur diversité apparente, on pourrait les faire découler de l’ « Idée de continuité » de la nature par opposition à la « discontinuité