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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.


Ceux qui attendaient des élections qui viennent d’avoir lieu, et qui à la vérité ne sont pas encore complètement terminées, un renouvellement de notre situation politique, auront été déçus. On avait annoncé par avance que la lutte serait ardente et passionnée ; qu’il y aurait, d’un bout de la France à l’autre, un conflit violent de programmes et de candidats ; que les partis se décomposeraient inévitablement dans une fournaise élevée à une aussi haute température, et qu’ils en sortiraient reconstitués dans des conditions toutes différentes. Rien de tout cela n’est arrivé. La campagne électorale a été terne, et s’il y a eu, par-ci, par-là, quelques tempêtes dans des verres d’eau, l’importance en est restée exclusivement locale : à quelques kilomètres plus loin, on ne s’en doutait pas. Les journaux de Paris qui avaient compté sur les élections pour leur fournir une matière abondante ont vu leur illusion se dissiper bien vite. La lecture de leurs confrères de province ne leur apportait absolument rien. En vain avait-on dit et répété que la France était à un des tournans les plus critiques de son histoire, et que la consultation qu’on lui demandait aurait une importance décisive sur ses destinées ultérieures : l’attention si vivement éveillée s’est découragée assez vite de regarder pour ne rien voir. Une seule chance restait, à savoir que le résultat des élections, par la surprise qu’il produirait, donnât enfin aux imaginations avides de nouveauté une satisfaction si impatiemment attendue. Il n’en a rien été. Aussitôt les scrutins connus, on s’est mis de part et d’autre à faire ses comptes, après quoi on s’est regardé avec un certain désappointement. Aucun parti n’était sûr d’avoir gagné ou perdu grand’chose à l’événement qui venait de se produire.

Ils ont tous perdu quelques hommes, et à ce point de vue le