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Immédiatement après le ministère de l’Instruction publique, dans l’ordre de fabrication de non-classées, vient l’administration des Postes et Télégraphes. Il y a longtemps que cette administration est hospitalière aux femmes, et leur confie des bureaux de poste. La génération de 1830, plus idéaliste que la nôtre, plaçait volontiers dans ces bureaux les premières scènes d’un roman. Ceux qui connaissent bien leur Sainte-Beuve se souviennent d’une délicate nouvelle, intitulée Christel, dont l’héroïne est une modeste receveuse. Aujourd’hui les portes de cette vieille administration leur sont ouvertes encore plus grandes, depuis qu’elle les admet à partager avec les hommes les emplois de télégraphistes, et quelle leur réserve presque exclusivement ceux de téléphonistes.

Notre génération, moins romanesque que la précédente, n’a jusqu’à présent prêté de rôle à la demoiselle du téléphone que sur la scène de nos petits théâtres, et il faut convenir que l’aspect de celles qu’on voit déboucher sur les cinq heures, de la vaste porte de la rue de Grenelle ou de la rue du Louvre, est plus évaporé que sentimental. C’est que les receveuses des postes, souvent filles d’anciens officiers ou d’anciens fonctionnaires, constituent une aristocratie par comparaison avec les télégraphistes et surtout les téléphonistes, qui se recrutent davantage dans les milieux populaires. Aussi les demandes abondent-elles. Un chiffre dont je crois pouvoir garantir l’exactitude donnera une idée de l’ardeur des compétitions. Il y a deux mois, un concours a été ouvert. Le chiffre des admissions avait été par avance limité à 200. L’administration des Postes n’en avait pas moins reçu près de 5 000 demandes d’admission au concours !

Le ministère des Finances emploie également une certaine quantité de femmes, une douzaine au Grand-Livre, un plus grand nombre au Timbre. Ici je n’ai pas de chiffres ; je n’ai pas, au surplus, la prétention de faire un dénombrement complet, mais seulement de donner quelques indications générales.


II

En plus de ces trois grandes administrations de l’Instruction publique, des Postes, et des Finances, il y a encore un certain nombre de sociétés industrielles ou financières qui emploient des femmes, les unes ayant un caractère quasi public, comme la