de la Chambre des députés, dont la date avait été fixée à la mi-septembre, semblaient devoir être le terme extrême de sa durée ; elles seules pouvaient décider qui avait eu raison, de ceux qui voulaient gouverner avec la gauche, ou de ceux qui voulaient gouverner avec les centres. Elles étaient donc attendues avec impatience, mais non sans angoisse, comme une épreuve solennelle qui permettrait au pouvoir de compter ses amis et ses ennemis. La gauche, oublieuse du gage de bon vouloir que lui avait donné le cabinet, présentait des candidats nettement hostiles aux Bourbons. Quant aux ultra-royalistes, leur tactique consistait à combattre partout les candidats ministériels. Leur mot d’ordre était qu’à défaut d’un homme de leur faction, mieux valait voter pour un révolutionnaire que pour un modéré. C’était toujours la politique des émigrés ; ils la pratiquaient avec obstination depuis 1814.
Cependant, au jour du scrutin, ils ne purent faire élire que cinq de leurs créatures. Vingt candidats ministériels furent nommés et la gauche vit sortir des urnes une trentaine des siens. Quoiqu’elle fut ainsi en progrès et qu’on put craindre qu’en peu d’années, elle arrivât à dominer numériquement la Chambre, sa victoire ne déplaçait pas la majorité, et le Roi ne fut pas alarmé. « Somme toute, disait-il, nous ne devons pas être trop mécontens. » Il est vrai qu’au moment où il se donnait ce satisfecit, il ne connaissait pas encore toutes les élections et ignorait la pire de toutes, celle de Grégoire, l’ancien évêque constitutionnel de Blois, à qui les électeurs de l’Isère avaient accordé leurs suffrages. On accusait à tort Grégoire d’être un régicide. Il n’avait pas voulu voter la mort du roi, « préférant lui faire grâce de la vie », mais il s’était écrié à la tribune de la Convention « que les rois étaient dans l’ordre moral ce que sont les monstres dans l’ordre physique ». Sa nomination constituait donc un attentat direct et voulu à la personne même de Louis XVIII.
Elle consterna les royalistes modérés. En revanche, elle ne causa pas moins de joie parmi les ultra-royalistes que parmi les ultra-libéraux. Les premiers demeurèrent fidèles à leur tactique, en attribuant au ministère la responsabilité de ces résultats et plus spécialement à Decazes, auquel ils ne pardonnaient pas la dissolution de la Chambre de ISIS, dont ils parlaient sans cesse comme de la cause initiale de la décroissance de leur parti. Tel n’était point l’avis du Roi. C’est eux qu’il accusait d’avoir, par