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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/231

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Le prêtre est mort ! Je viens d’entendre au fond des bois,
Sous les chênes sacrés, s’élever une voix !
Et cette voix dit : Tue !… Et je te jette à terre !
Et je tords ton poignet ! Et choisissant la pierre
Où, de ton corps le sang va fuir avec horreur,
(Saisissant un chandelier d’or sur l’autel : )
Sur ton front je me dresse en sacrificateur !
Meurs, sans avoir le temps de l’oraison dernière !
— Meurs…

PRÉTEXTAT va frapper, quand le chant du Miserere monte doucement dans le fond de l’église.

PREMIER VERSET.

Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam !

PRÉTEXTAT, revenant à lui.

Le Miserere !…

SECOND VERSET.

Asperges me hyssopo, et mundabor ; lavabis me, et super nivem dealbabor.

PRÉTEXTAT.

Seigneur, qu’allais-je faire ?

TROISIÈME VERSET.

Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion, ut ædificentur muri Jérusalem.

FRÉDÉGONDE, qui s’est éloignée en rampant, sur le point de sortir.

A bientôt !…

QUATRIÈME VERSET.

Tunc acceptabis sacrificium justitiae, oblationes et holocausta
(Les derniers mots du verset se perdent dans l’éloignement.)

PRÉTEXTAT.

Mérovée !… ô mon enfant chéri !…
( Tombant à genoux.)
Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu !… Miserere mei !

Là-dessus, le rideau tombe ; « le public éclate en furieux applaudissemens », — c’est M. Lemaître qui le constate, — « et quelques connaisseurs prononcent : « Ça, c’est du théâtre ! »

« Du fichu théâtre », répond M. Lemaître, pour qui, évidemment, il n’est pas vrai que le public ait plus d’esprit que Voltaire. « Du théâtre absurde, en dehors de toute vérité… » Et il entreprend de le prouver. </poem>