Le prêtre est mort ! Je viens d’entendre au fond des bois,
Sous les chênes sacrés, s’élever une voix !
Et cette voix dit : Tue !… Et je te jette à terre !
Et je tords ton poignet ! Et choisissant la pierre
Où, de ton corps le sang va fuir avec horreur,
(Saisissant un chandelier d’or sur l’autel : )
Sur ton front je me dresse en sacrificateur !
Meurs, sans avoir le temps de l’oraison dernière !
— Meurs…
Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam !
Le Miserere !…
Asperges me hyssopo, et mundabor ; lavabis me, et super nivem dealbabor.
Seigneur, qu’allais-je faire ?
Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion, ut ædificentur muri Jérusalem.
A bientôt !…
Tunc acceptabis sacrificium justitiae, oblationes et holocausta…
(Les derniers mots du verset se perdent dans l’éloignement.)
Mérovée !… ô mon enfant chéri !…
( Tombant à genoux.)
Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu !… Miserere mei !
Là-dessus, le rideau tombe ; « le public éclate en furieux applaudissemens », — c’est M. Lemaître qui le constate, — « et quelques connaisseurs prononcent : « Ça, c’est du théâtre ! »
« Du fichu théâtre », répond M. Lemaître, pour qui, évidemment, il n’est pas vrai que le public ait plus d’esprit que Voltaire. « Du théâtre absurde, en dehors de toute vérité… » Et il entreprend de le prouver. </poem>