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L’AUTRICHE FUTURE
ET
LA FUTURE EUROPE

Si les peuples malgré eux réunis sous le nom de Monarchie austro-hongroise ne sont guère, quant à présent, que les élémens d’un État qu’on ne connaît pas et qui ne se connaît point lui-même ; qui se défait et se refait ; qui se cherche sans s’être jusqu’ici trouvé ; qui est moins qu’il ne devient, et dont le devenir importe singulièrement à l’avenir de l’Europe[1] ; une question se pose pour nous et pour tout le monde, qui est celle-ci : comment cet État va-t-il se refaire ? où va-t-il se trouver ? que devient-il ? Et, puisque l’hypothèse est souvent le chemin de la vérité, à cause de l’extrême importance de la question, il nous faut n’écarter, sans l’examiner, aucune des solutions dont peut être susceptible la crise de la Monarchie austro-hongroise. Elles sont, comme on le pense bien, nombreuses, car le champ est si vaste qu’il n’a, pour ainsi dire, pas de limites. Nous ne retiendrons que les principales, les plus solides, les moins aventureuses, — et il y en a plusieurs encore.

La première, dans l’ordre du prochain et du positif, est tout simplement la transformation du régime dualiste de ces trente dernières années, Autriche-Hongrie, 1867-1897, en régime trialiste ou triunitaire : Autriche-Hongrie-Bohême. Cette solution, qui serait fondée sur des droits historiques plus ou moins évidens, plus ou moins certains, aurait contre elle de mécontenter, jusqu’à les irriter et peut-être les armer, d’autres prétentions qui se

  1. Voyez la Revue des 15 octobre et 1er décembre 1897.