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n’aurait osé admettre la possibilité de la transmission de la parole à distance et que, lorsque parut la note de Bourseul, son idée fut regardée, par tout le monde et par lui-même, comme un rêve fantastique. Cette note contient les phrases suivantes : « Après les merveilleux télégraphes qui peuvent reproduire à distance l’écriture de tel ou tel individu, et même les dessins plus ou moins compliqués, il semblerait impossible d’aller plus en avant dans les régions du merveilleux. Essayons, cependant, de faire quelques pas de plus encore. Je me suis demandé, par exemple, si la parole elle-même ne pourrait pas être transmise par l’électricité ; en un mot, si l’on ne pourrait pas parler à Vienne et se faire entendre à Paris.

« La chose est praticable et voici comment :… Imaginons qu’on parle près d’une plaque mobile, assez flexible pour ne perdre aucune des vibrations produites par la voix, que cette plaque établisse et interrompe successivement la communication avec une pile, vous pourrez avoir, à distance, une autre plaque qui exécutera, en même temps, les mêmes vibrations…

« J’ai commencé des expériences à cet égard ; elles sont délicates et exigent de la patience et du temps, mais les approximations obtenues font entrevoir un résultat favorable. »

La priorité de l’idée du téléphone appartient donc bien à Charles Bourseul.

On sait avec quelle rapidité, à la faveur des études électriques nouvelles, la téléphonie a conquis, dans le monde entier, son droit de cité. Cette invention était à ce point dans l’air, si l’on peut s’exprimer ainsi, que, le même jour, le 14 février 1876, deux Américains, Graham Bell, de Boston, et Elisha Gray, de Chicago, déposaient simultanément une demande de brevet au bureau des patentes de Washington. Un mois avant, jour pour jour, Edison avait demandé une protection provisoire pour un appareil analogue ! C’est une date qu’il faut se rappeler, car elle marque l’origine d’une ère nouvelle dans l’histoire des communications à grande distance.

Le développement des communications téléphoniques n’aurait certainement pas été aussi considérable, si ce curieux appareil n’avait été complété par un instrument, non moins intéressant, dont MM. Hughes et Edison se sont disputé la paternité, qui paraît acquise à M. Hughes. Nous voulons parler du microphone. Déjà, en 1865, un savant ingénieur du corps des télégraphes