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REVUES ÉTRANGÈRES

UN CONFIDENT DE RICHARD WAGNER

Erlebnisse mit Richard Wagner, Franz Liszt, and vielen anderen Zeitgenossen, par Wendelin Weissheimer, 1 vol. in-8, Stuttgart, 1898.

J’ai naguère raconté ici[1] de quelle façon imprévue un obscur musicien allemand, Ferdinand Prager, s’était un beau jour révélé au monde comme l’ami et le confident de Richard Wagner. Publiés simultanément en Angleterre et en Allemagne, ses Souvenirs reproduisaient de nombreuses lettres de l’auteur de Tristan, toutes remplies à son endroit des marques de la plus tendre affection ; ce qui d’ailleurs n’empêchait point Prager de juger avec une extrême sévérité le caractère de son ami, qu’il accusait, entre autres choses, d’avoir été un menteur, un lâche, et un débauché. Et peut-être ses jugemens auraient-ils fait foi, si M. H. S. Chamberlain n’avait eu la bonne fortune de pouvoir prouver que ce soi-disant « confident » n’avait jamais entretenu avec Wagner que des relations de hasard, que la plupart de ses récits reposaient sur des affirmations inexactes, et qu’il avait même poussé le sans-gêne jusqu’à falsifier quelques-unes des lettres à lui écrites, jadis, par son illustre « ami. »

Ce sont là des reproches que personne, sans doute, ne pourra adresser à un autre musicien allemand qui vient, lui aussi, de se révéler à l’improviste comme l’ami et le confident de Richard Wagner, et dont les Souvenirs sont en train de produire, dans le monde musical,

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1893.