maintien de la paix générale, de l’autre, au gouvernement ottoman, principal intéressé. Les défaillances du sultan, ses atermoiemens successifs, le déterminèrent à aller plus loin ; il proposa aux puissances de munir leurs ambassadeurs de nouvelles instructions les autorisant à se concerter « en vue d’obtenir du sultan la réalisation prompte et complète des réformes attendues. » En faisant part de sa résolution à M. Cambon, il lui mandait, le 15 décembre : « Vous insisterez auprès d’Abd-ul-Hamid, dans les termes que, d’accord avec vos collègues, vous jugerez les plus propres à lui donner le sentiment exact des graves conséquences auxquelles il s’exposerait, s’il ne tenait pas compte du vœu unanime des puissances et s’il rendait ainsi inévitable une intervention de l’Europe. « Dans la pensée de notre ministre cette nouvelle tentative restait subordonnée à l’entente préalable des puissances sur les trois points suivans :
« Maintien de l’intégrité de l’empire ottoman ;
« Pas d’action isolée sur aucun point ;
« Pas de condominium. »
En délimitant ainsi le terrain des négociations, M. Hanotaux restait fidèle à la politique traditionnelle de la France, politique nationale qui est l’exacte expression de nos intérêts en Orient. De tout temps, le maintien de l’empire ottoman s’est imposé à nos hommes d’État comme une loi d’ordre supérieur. La même nécessité nous commande de décliner toute action d’une seule puissance ; de notre temps, les arrangemens de cette sorte, n’étant pas soutenus par la bonne foi, ont éveillé des convoitises que ne maîtrise plus le respect du droit international ; loin de dénouer les difficultés, ils en ont fait surgir de nouvelles et de plus menaçantes. Quant au condominium, il a toujours été et il restera la source de dissentimens inévitables et périlleux, M. Hanotaux agissait donc sagement en l’écartant.
Quoi qu’il en soit, la suggestion de notre ministre des Affaires étrangères rencontra partout un accueil empressé, et tous les cabinets adressèrent à leurs représentans à Constantinople des instructions conçues dans un sens uniforme. Les ambassadeurs, s’y conformant en tout point, remirent sur le métier le travail qu’ils avaient déjà plusieurs fois repris et abandonné. Ils furent bientôt d’accord, et, le 18 février 1897, M. Cambon put télégraphier à Paris : « Les propositions relatives aux réformes ont été arrêtées et signées aujourd’hui. »