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permanente de ses ressources ; notre étude a montré avec quelle facilité il le pourrait. Nous n’avons pas à rechercher si sa situation géographique n’est pas telle, que, n’ayant aucune attaque sérieuse à redouter du dehors, il pourrait continuer à vivre sans armée, comme il l’a fait jusqu’à ce jour, en se bornant à augmenter sa flotte militaire et surtout commerciale. Nous n’avons voulu qu’étudier ses finances, et nous ne pouvons, en manière de conclusion, que constater la force énorme des États-Unis de ce côté, force fondée beaucoup moins sur une bonne gestion des deniers publics que sur l’expansion prodigieuse de la fortune privée, la mise en valeur de riches territoires, le développement d’une population industrieuse et énergique. Les réserves auxquelles une administration, avide d’accroître les revenus publics, peut s’attaquer sont en apparence inépuisables : il ne faudrait pas cependant beaucoup de secousses comme celle de l’année 1898 pour modifier gravement la situation privilégiée dont les Américains du Nord jouissent aujourd’hui. Nous souhaitons à la grande. République de ne pas céder à la tentation d’abuser de sa puissance économique, source possible de toutes les autres, et de rester fidèle aux traditions de modération, de sagesse et de raison qui lui ont été léguées par ses illustres fondateurs.


RAPHAËL-GEORGES LÉVY.