portique qui ferme la cour est intact, avec sa galerie à balustrades, sa porte centrale flanquée de colonnes massives coupées par des bagues, et son fronton décoré d’aigles aux ailes éployées tenant dans leurs becs des guirlandes. De part et d’autre, deux arcades plus petites sont dominées par des bustes antiques accompagnés d’inscriptions latines. A travers le portique, et dans l’axe de la porte principale, on aperçoit, également intact, vers l’extrémité du jardin, le pavillon d’une architecture si rubénienne, que l’artiste a fidèlement reproduit dans le charmant tableau de la Pinacothèque de Munich, où il s’est représenté lui-même se promenant avec Hélène Fourment, par une belle journée du printemps qui suivit leur mariage.
Parmi tous ces débris ou ces restes encore debout du passé, on songe invinciblement à la noble existence qui, pendant trente années, s’est écoulée dans ce coin tranquille, aux affections et aux œuvres qui l’ont remplie. On pense que ce qu’a fait la ville d’Anvers pour ce curieux musée Plantin, où revit tout un côté intéressant de son activité intellectuelle, elle pourrait à meilleur droit le faire aussi pour la mémoire du plus illustre de ses enfans, et de tout cœur on s’associe à l’appel chaleureux qu’adressait récemment à la vieille cité, M. Max Rooses, l’homme qui, de notre temps, a le plus contribué à remettre en honneur son passé. Avec lui, on voudrait que, dans une pensée de pieuse conservation, la ville d’Anvers s’assurât la propriété de ce qui subsiste encore de l’ancienne demeure de Rubens. Comme l’a si bien dit M. Max Rooses : « Quel témoignage plus naturel et plus frappant de sa reconnaissance et de son admiration pourrait-elle lui offrir que de préserver de toute profanation ultérieure cette demeure, berceau de tant de chefs-d’œuvre, et de la dédier au culte de cet incomparable génie ! » C’est, avec l’espérance de voir exaucés bientôt des vœux si légitimes, qu’à l’aide des œuvres du grand artiste, de ses lettres et des documens que nous ont laissés ses contemporains, je voudrais essayer de faire revivre sa glorieuse figure dans l’intimité de ce foyer qu’il aimait tant et dont il ne s’éloigna jamais qu’à regret.
On sait qu’en rentrant d’Italie à Anvers vers la fin de 1608, Rubens, malgré la hâte qu’il avait mise à son voyage, n’avait plus