à être admis dans son atelier. Il était donc nécessaire qu’il se procurât une installation en rapport avec la situation qu’il avait conquise, assez grande pour lui fournir à la fois un logement pour les siens, des ateliers pour ses élèves et pour lui-même, et des pièces assez vastes où il installerait convenablement les collections que déjà pendant son séjour en Italie il avait commencé de réunir.
L’occasion se présenta bientôt pour lui d’acquérir, au centre même de la ville, au Wapper, dans un quartier où logeaient plusieurs de ses confrères, une propriété assez considérable, qu’il achetait, le 4 janvier 1611, au docteur André Backaert et à sa femme Madeleine Thys, pour une somme de 7 600 florins. C’était, ainsi que nous l’indique le contrat de vente, une maison avec une grande porte, cour, galerie, cuisine, chambres, terrains et dépendances, ainsi qu’une blanchisserie sise à côté et touchant du côté de l’est au mur de la Gilde des Coulevriniers. La blanchisserie avait autrefois servi de tendoir (Raamhof) pour les foulons qui y faisaient sécher leurs draps. Rubens s’était aussitôt établi dans sa nouvelle habitation, mais, en homme d’ordre qu’il était, afin de ne pas trop grever son budget, il se contenta de ne faire d’abord que les aménagemens les plus indispensables. Une grande pièce située à l’étage supérieur fut disposée en atelier et c’est là que, dès son entrée en possession, il peignit le triptyque de la Descente de Croix destiné à décorer la chapelle du Serment des Coulevriniers à la Cathédrale d’Anvers. Nous voyons, en effet, d’après le livre des comptes de cette Confrérie, qu’après que les doyens se furent assurés, par trois visites successives, que le bois employé pour cette peinture était de bonne qualité « et dépourvu d’aubier » le panneau central, et, deux ans après, les volets, avaient été descendus de l’atelier au rez-de-chaussée (12 septembre 1612 et 13 janvier 1614). À chaque fois, des pourboires étaient donnés aux serviteurs, sans préjudice des libations habituelles.
D’année en année la situation de Rubens devenant plus prospère, il avait graduellement modifié et complété à sa guise les constructions de sa demeure. Le 25 juillet 1615, il concluait un accord avec le maître maçon François de Crayer au sujet de la réfection du mur mitoyen qui séparait sa propriété de celle des Coulevriniers, et il faisait, en 1617, sculpter les rampes de son escalier par Jean van Mildert. Comme il avait ses idées en architecture, il fournissait lui-même ses plans aux ouvriers qu’il employait