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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/762

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deux doivent rester à Plancenoit, et trois sur le plateau, comme dernière réserve). Il prend la tête de la première colonne et descend vers la Haie-Sainte, au fond de la fournaise.

Au témoignage de l’ennemi, cette attaque aurait pu être décisive une demi-heure auparavant, quand Ney demandait du renfort. Le moment est passé. Tandis que Morand a repris Plancenoit, pendant même le temps si court où la garde s’est formée et mise en mouvement, Wellington a rassis sa position. Pour renforcer son centre chancelant et près de se rompre, il a rappelé de sa gauche la brigade Wincke, de sa droite quatre bataillons de Brunswick dont il a lui-même pris le commandement. Secondées par ces troupes fraîches, les brigades Kempt, Lambert, Pack et Best, à l’est de la route de Bruxelles, et les brigades Kruse et Halkett à l’ouest de cette route, ont fait une vigoureuse contre-attaque et refoulé les fantassins de Donzelot, d’Allix et de Marcognet. Tandis que ces soldats se replient au bas des rampes en tiraillant, les Anglo-Allemands réoccupent les bords du plateau, et leurs batteries, délivrées de la fusillade à courte distance, éteignent le feu des pièces établies à la Haie-Sainte. En même temps, la division hollando-belge de Chassé arrive de Braine-l’Alleud, et les six régimens de cavalerie de Vandeleur et de Vivian, qui, prévenus de l’arrivée imminente du corps prussien de Zieten, ont quitté leur poste de flanqueurs au-dessus de Papelotte, accourent au grand trot.

Les renforts prussiens, qui devenaient si nécessaires et dont l’approche eut pour premier résultat de rendre disponibles les 2 600 chevaux de Vivian et de Vandeleur, avaient bien failli manquer à Wellington. Parti de Bierges à midi, contraint de s’arrêter plus de deux heures pour laisser défiler le corps de Pirch sur les hauteurs, au nord-ouest de la Dyle, retardé ensuite dans sa marche par les sentiers escarpés des bois de Rixensart, où les hommes n’avançaient parfois qu’un à un et devaient frayer passage aux pièces de canon, Zieten était arrivé à Ohain vers six heures avec son avant-garde. Il fut rejoint là par le colonel Freemantle, aide de camp de Wellington, qui lui exposa la situation critique de l’armée anglaise et demanda du renfort, « ne fût-ce que 3 000 hommes, mais tout de suite. » Zieten ne voulait point risquer de faire battre son corps d’armée en détail ; il répondit qu’il s’empresserait de se porter au secours des Anglais dès que le gros de ses troupes aurait serré sur l’avant-garde. En