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souffrait avec force ; qui avait le don de faire coïncider ses changemens d’opinions avec les variations des courans populaires ; qui avait besoin pour avouer une conversion d’être à la veille d’agir et qui n’agissait pas sans un concours de circonstances favorables : un tel homme eût pu être le plus dangereux des politiciens. Mais il a gravité autour d’un idéal. Il s’est constamment élevé : il n’a cessé de monter vers les horizons plus larges et plus hauts. Il a, suivant le conseil d’Emerson, attelé sa charrue à une étoile. Il a montré toute la quantité de conscience qu’il peut y avoir dans un homme d’Etat. Leçon capitale à une époque où l’opportunisme a envahi jusqu’à l’intransigeance et où trop de gens ne font que trop souvent servir l’hypocrisie de l’absolu à mieux exploiter te relatif. Aussi, par un juste privilège, il a été donné à Gladstone de renverser en quelque sorte l’ordre naturel des choses humaines ; de connaître, au lieu des glaces de l’âge et de ce resserrement de tout l’être qu’est souvent la vieillesse, un continuel élargissement, une chaleur d’âme croissante, et de faire contraster le fécond épanouissement de son arrière-saison avec la richesse banale de tant de printemps et d’étés sans lendemain.


FRANCIS DE PRESSENSÉ.