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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/869

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Les premières opérations dont il ait été tenu compte à Flödevig datent de 1884. On obtint cette année sept millions d’éclosions. Depuis, le nombre des œufs manipulés n’a fait qu’augmenter. De 1885 à 1887, on eut 30 millions d’éclosions, en moyenne, par an ; en 1890, le chiffre fut de 50 ; et en 1892, on dépassait 200 millions. La perte est en moyenne de 30 pour 100 : sur 100 alevins, il en reste 70 à jeter à la mer. Le prix de revient est peu élevé : chaque mille d’alevins revient à quatre centimes, cinq centimes au plus.

M. Dannevig ne s’en est pas tenu à la morue : il a abordé d’autres espèces : le hareng, quelques poissons plats, et le homard. C’est en 1885 qu’il a commencé à étudier le précieux crustacé, et les résultats ont été encourageans. En 1887, le laboratoire de Flödevig ayant pleinement fait ses preuves, les collaborateurs financiers de M. Dannevig estimèrent leur tâche achevée. Nous avons, dirent-ils, fait les sacrifices qu’il a fallu, pour démontrer le caractère pratique de la pisciculture marine. Celle-ci est possible et relativement facile. Nous n’avons, dès maintenant, qu’à nous retirer : c’est l’État qui devra se charger des dépenses que nous avons jusqu’ici supportées, et prendre la direction du service de la pisciculture des eaux salées. Ainsi fut fait. Je veux penser que les pionniers qui prêtaient leur concours financier à M. Dannevig ont été décemment remerciés de leurs sacrifices et de leur esprit d’entreprise. Flödevig, devenu établissement d’État, aurait pu péricliter, ou tout au moins coûter beaucoup plus cher par les fonctionnaires incompétens ou inutiles qu’on eût pu y introduire : mais M. Dannevig en est resté directeur, et le danger a été écarté. La station a même été reconstruite sur des plans plus vastes, et on peut la considérer maintenant comme un modèle dans son genre. Elle produit en moyenne 300 millions d’alevins de morue par an.

Dès le début, pour ainsi dire, les effets bienfaisans des opérations entreprises à Flödevig se sont laissé voir. En 1888, M. Dannevig pouvait écrire les lignes suivantes : « L’accroissement en nombre de la petite morue n’a pas été seulement perceptible, mais frappant, partout où des alevins de ce poisson ont été déposés. Pendant les deux dernières années après que des distributions y furent faites, on a pris beaucoup de ces petites morues à Flödevig, Havekil et dans les baies voisines… Dans les eaux peu profondes, deux pêcheurs armés de lignes ont pu en prendre