se rapportaient à un individu déterminé : ces œuvres doivent être regardées comme des portraits.
Ainsi entendu, dans un sens très large, le portrait en Grèce date de beaucoup plus loin qu’on ne le croirait tout d’abord, si l’on tenait compte de la seule ressemblance. À quelle époque a-t-il commencé d’apparaître, il serait difficile de le dire. Peut-être les premières manifestations de cet art sont-elles les célèbres masques d’or recueillis dans les tombes de Mycènes et qui nous font remonter plus haut que le XIIe siècle avant Jésus-Christ. Dès le début du VIe en tout cas, nous trouvons des portraits, et ce sont des statues d’athlètes : rien n’était plus naturel. L’art, dans les premiers temps, est tout entier au service de la religion ; il s’attache à répondre aux besoins du culte, à donner une forme sensible à l’image de la divinité : rien de plus. Vient un moment où il jette un regard sur l’humanité ; il sort du sanctuaire, mais il n’en sort que peu à peu : il lui faut du temps pour rompre ses attaches. Les statues élevées aux athlètes, vainqueurs dans les jeux sacrés de Delphes ou d’Olympie, se trouvaient, par la mémoire de l’événement qu’elles consacraient, encore étroitement unies au culte des dieux. La plus ancienne est mentionnée par Pausanias, ce curieux, naïf et souvent trop crédule voyageur, qui, avant parcouru les pays helléniques au IIe siècle de notre ère, nous a laissé dans son itinéraire de la Grèce comme le plus ancien guide que nous ayons. C’est la statue du pancratiaste Arrhachion aux pieds à peine séparés, aux bras collés aux côtés jusqu’aux hanches dans une attitude commune à toutes les figures de l’époque et notamment à ces « Apollons archaïques » dont deux exemplaires sont au Louvre. L’art en effet, encore incapable de rendre les diversités individuelles, n’a qu’un type masculin à sa disposition, qu’il répète sans se lasser : dieux ou athlètes, c’est toujours la même image conventionnelle. Il fallait bien toutefois ne pas confondre un homme et un dieu ni les différens hommes entre eux. Comment s’y prenait-on ? En gravant une inscription sur la base de la statue : procédé rudimentaire, le seul que l’on connût alors pour donner à la figure impersonnelle une personnalité.
Après le type viril, le type féminin. Avec lui nous descendons jusqu’aux dernières années du VIe siècle, à l’époque des Pisistratides ; mais la façon d’entendre le portrait n’a pas varié. On connaît les quatorze statues de femmes, toutes debout et drapées,