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Rien ne remue aux bois. Sous l’épaisse fougère,
C’est à peine s’il passe une haleine légère
Et, comme des voix d’or, infiniment lointaines,
On entend soupirer les magiques fontaines.

II


La lune aux tendres yeux qui s’en va sur la mer,
La lune, radieuse et toute blonde, a l’air
D’une princesse d’or, fraîchement épousée,
Dont la robe de fleurs trempe dans la rosée.
La lune aux yeux d’amour, au sourire indulgent,
S’en va, s’en va, s’en va sur les vagues d’argent,
Et tout le gris pays s’éveille et s’illumine,
N’est-ce pas la Bretagne avec sa blanche hermine ?
N’est-ce pas, dites-moi, le pays merveilleux
Qui nous a pris le cœur et nous clora les yeux ?
En sa tendre pâleur, oh ! qu’elle soit bénie,
La lune qui s’en va sur la mer infinie !

III


C’est la nuit au cœur sans remords, la nuit divine,
La nuit délicieuse et claire, qu’on devine
Marchant à pas légers sur les champs endormis,
La nuit qui nous regarde avec des yeux amis,
La nuit qui réconforte et rafraîchit la terre.
Elle vient d’entr’ouvrir un coin de son parterre,
Et des roses d’azur et des lys de clarté
Éclosent à la fois sur le monde enchanté.
Oh ! la miraculeuse et douce somnolence !
Et voici qu’au milieu du magique silence,
Sous les arbres, tout blancs déjà, du bois sacré,
Dit son tourment le rossignol énamouré.

IV


Rossignol qui te plains, ô rossignol d’amour !
Pourquoi, sombre boudeur, méprises-tu le jour ?