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La fille se prélasse et le voleur se cache,
L’assassin sur la pierre aiguise encor sa hache,
Et pourtant tout là-haut une flamme qui luit !
Oh ! qui dira jamais les crimes de la nuit ?

IX


Et c’est la nuit sincère et la nuit véritable,
La nuit où l’enfant Dieu naquit dans une étable,
La nuit qui de très haut voit les hontes d’en bas,
La nuit qui juge en paix, la nuit qui ne ment pas.
Sous son regard tranquille ont passé tant de choses,
Tant de rosiers sur l’onde ont effeuillé leurs roses,
Tant de chênes, hélas ! se sont découronnés,
Tant d’amours éternels et de longtemps fanés !
Le poète qui rêve et l’amant qui soupire,
Le bon et le mauvais, le meilleur et le pire
N’éveillent en ses yeux ni pitié ni dégoût :
De son manteau mystique elle recouvre tout.


GABRIEL VICAIRE.