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sur un gilet blanc qui tranche sur la culotte verte guêtrée de noir ; mais combien plus beaux aux grands jours, avec l’habit vert galonné sur toutes les tailles, la veste et la culotte écarlates galonnées d’or, le chapeau à trois cornes bordé d’or et piqué d’un plumet blanc ; surtout l’insigne essentiel de leur fonction, le nœud d’épaule de pékin vert, brodé d’un aigle d’or à chaque extrémité, semé d’abeilles d’or, bordé d’un franjon d’or et garni au bas d’une frange d’or.

De service à l’intérieur, aucun, si ce n’est au dîner, pour présenter les assiettes à l’Impératrice et lui verser à boire. Ils sont là pour les commissions d’étiquette et les messages de cérémonie. Alors, ils enfourchent le cheval qu’on leur tient toujours prêt, et précédés d’un palefrenier à livrée, ils galopent « train de page. » A leur arrivée, qu’annonce la batterie de coups de fouet du palefrenier, les portes s’ouvrent à deux battans, la livrée se range en haie, ils sont introduits dans un salon, et, même si la personne à laquelle ils ont affaire est malade et au lit, elle ne peut se dispenser de les recevoir. De tels messages se paient et les pages en ont parfois de belles bagues ou de jolies épingles ; de plus, des honneurs, car, à la sortie, on les conduit jusqu’à la porte extérieure de l’antichambre.

Mais de telles missions sont rares pour les pages de l’Impératrice ; rarement aussi, ils ont occasion d’accompagner leur maîtresse à sa sortie du Palais pour la montée ou la descente de voiture, le plus nouveau marchant devant, le plus ancien portant la queue de la robe ; alors, si le piquet accompagne, les deux pages montent derrière le cocher : si le piquet n’accompagne pas, ils attendent, la nuit venue, dans le vestibule, pour recevoir l’Impératrice, flambeaux de cire blanche en main, et la précéder ainsi jusque dans le salon de service.

Mais on ne sort point, il n’y a point de message à porter, le temps coule lentement pour les enfans de Cour : ils vont prendre leurs repas avec les pages de service près de l’Empereur et, la soirée finie, vont se coucher à l’hôtel Marigny qui est rue Saint-Thomas-du-Louvre, en potence sur les écuries impériales. Leur habituelle résidence est d’ailleurs à Saint-Cloud, puis à Versailles : c’est là qu’ils font leurs exercices et attendent leur brevet de sous-lieutenant de cavalerie.

Ce premier salon n’est que pour les gens de médiocre