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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/135

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Corrège et une Madone de Raphaël, puis, sur les conseils de Madame Campan, elle avait accroché des tableaux de ce Richard « que les connaisseurs plaçaient à côté de Gérard Dow, » des Charles VII, des Valentine de Milan, des Madame de la Vallière, et encore des tableaux de Dupéreux, que les connaisseurs égalaient, cette fois sans se tromper, à l’illustre Richard.

Ce fut seulement en l’an XIII (1805) que Fontaine, devant l’état de vétusté du plafond du Salon de service, obtint pour le consolider un crédit de 31 800 francs ; il en profita pour le décorer à nouveau et fit un chef-d’œuvre de ce plafond peint en grisaille avec des rehauts d’or sur des à-plats gris, violets et bleus ; au centre, un grand tableau dans le goût de Mignard, représentant Apollon et Cérès et, pour l’encadrer, des compartimens ornés de rinceaux, de cornes d’abondance, et de guirlandes d’or, où alternaient, en vives couleurs, des Muses et des Amours.

Trois ans plus tard, en 1808, Fontaine put toucher au Salon de l’Impératrice, resté avec ses plafonds peints dans le goût de Mignard, ses murs tendus, depuis les premiers jours du Consulat, en quinze-seize jaune, ses meubles à bois d’acajou, couverts de gourgouran jaune. À ce moment seulement, la décoration fut rafraîchie, non changée ; les meubles, trop simples, firent place à de plus somptueux qui ne coûtèrent pourtant que le prix modéré de 14 613 francs ; le plafond fut mis au goût du jour par la suppression d’une partie des lourdes sculptures dorées, remplacées par des figures d’enfans, encadrant l’ancien tableau central légèrement ravivé. Enfin, à Sèvres, furent commandés quatre immenses candélabres en porcelaine à fond bleu, tout chargés de bronzes dorés où s’exerça le bon goût de M. Brongniart.

Aux Tuileries, l’Appartement d’honneur se trouvait exceptionnellement complété par deux grandes pièces se faisant suite, ouvrant sur la cour du Carrousel et doublant les salons dans la profondeur : mais, bien que la disposition des lieux l’eût ainsi voulu et que ce fût ainsi décrété, tel était leur peu d’emploi dans la vie d’étiquette que Joséphine n’y entra pour ainsi dire jamais : l’une, la salle à manger, où l’on pénétrait du vestibule, éclairée par une seule fenêtre, voûtée en plein cintre, décorée d’arabesques très délicates, obscure sans une profusion extrême de glaces disposées avec un tel art que la lumière se répandait partout, servait aux personnes de la Maison et aux invités du Grand maréchal ; l’autre, destinée, dès 1804, à être salle de concert, ne fut