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d’une grâce, d’une invention, d’un art exquis, et toutes sont d’une exécution qui passe toute comparaison avec ce qui s’est fait en nos temps. Les mousselines viennent la plupart de l’Inde, comme les percales : celles-ci sans apprêt, souples, légères, fuyantes, faisant près des blancs de la batiste, de la mousseline et du linon un blanc autre, moins sec, plus fondu, un blanc qui chante, dans cette symphonie des blancs, plus langoureusement.

Rien de cela que fournisse Leroy : c’est Gueinot-Toily de Bruxelles, c’est Commun-Narrey, c’est Huid de Paris ; Schœlcher pour les mousselines, Robert pour les batistes, et toujours, pour tout, Mesdemoiselles Lolive, de Beuvry.

Des robes d’étoffes pour l’hiver, beaucoup sont de cachemire : en voici trente-trois à l’inventaire de 1809, sans compter les juives et les habits de chasse. Pour les redingotes que Joséphine endosse les matins d’hiver, soit sur des robes blanches, soit sur des robes de cachemire, il en est de velours de toute nuance et de toute garniture : velours cannelé gros jaune garni d’astrakhan, velours nacarat à grand col d’hermine, velours vert à garniture d’hermine avec un fichu de crêpe lamé en or, velours noir doublé en satin rose, velours bleu impérial doublé on satin blanc, velours blanc cannelé doublé de velours moucheté avec une plaque d’agate et de perles fines, velours amarante doublé en peluche verte, velours nacarat doublé de satin blanc, il en est de tous les satins, de toutes les levantines, comme de tous les velours. Mais ce n’est point assez ; pour les jours où l’Impératrice veut s’habiller davantage, il faut des robes assorties à la richesse des redingotes et voici défiler les garnitures d’hermine ; voici, sur une robe de satin lilas, une redingote courte de velours noir, avec des ruches de mousseline ourlée d’or ; voici, sur une robe de satin blanc, une redingote de velours chamois ; voici, sur une robe de satin lavande, une redingote de velours gros vert que serre à la taille une ceinture en or ornée de camées ; voici, ouverte sur une robe de satin chamois, une redingote de velours pensée boutonnée de topazes d’Orient et ceinturée par une chaîne d’or fermée par un médaillon d’améthyste ; et voici, pour clore la série de l’hermine, voici, sur une robe de satin blanc, une redingote de velours cannelé blanc, à ceinture d’or en filigrane incrustée de perles fines, avec le médaillon, les boutons et les glands en saphirs et perles fines ! Et, de chaque fourrure, précieuse s’entend, il se trouve presque autant de robes et de redingotes garnies !