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vingt-deux pièces d’étoffes neuves, elle en donne trente-neuf, et ce n’est pas seulement à ses femmes de chambre qu’elle fait de tels présens : Madame Mère, la reine de Westphalie, la reine de Naples, la princesse de Bade, acceptent des robes, des cachemires, des redingotes qui ont été portées, sans parler des étoffes en pièce.

D’après cela, l’on peut juger quelle est la consommation annuelle de la garde-robe : en une année, Joséphine achète vingt-trois grands aunages de dentelles, sept grands habits, cent trente-six robes, vingt châles de cachemire, soixante-treize corsets, quarante-huit pièces d’étoffes, quatre-vingt-sept chapeaux, soixante-douze paires de bas de soie, neuf cent quatre-vingts paires de gants, cinq cent vingt paires de souliers. Il y en a de payé pour 320 816 fr. 56 sans compter ce que l’on redoit. Les reports, d’un exercice sur l’autre, des dépenses arriérées sont tels en effet, que, pour se rendre compte de l’argent employé par Joséphine pour sa toilette, il faut, — mettant de côté même les liquidations de dettes, obligatoires tous les deux ans et dont certaines dépassent le million, — prendre les chiffres globaux des six années. Et alors, on trouve que, en six ans, il y a eu de dentelles, chez Vanderbocht, Lesueur, de Rons et Vandessel, 225 906 fr. 18 (cela ne comprend pas les grandes dentelles payées sur la cassette de l’Empereur) ; il y a eu d’étoffes de soie chez Fillion, Le Normand, Vacher et Nourtier, 312 558 fr. 68 ; de modes et grands habits, chez Mademoiselle Despeaux, chez Herbault, Leroy, Duplan, Binelli et Bertin 1 096 875 fr. 27 ; de façons et fournitures de couturières, surtout à Madame Germon, 102 811 fr. 45 ; de façons aux ouvrières de la garde-robe, 61 408 fr. 38 ; de linge, chez la veuve Commun Narrez et Mesdemoiselles Lolive, de Beuvry, 740 386 fr. 37. Les fleurs artificielles de Lainé, Nattier et Roux-Montagnat ont coûté 35 893 fr. 50 ; les crêpes et rubans, de Kreisler, Scribe-Brémard et Richard Lenoir, 130 078 fr. 77 ; les fourrures, celles fournies, non par les couturiers, mais par le fourreur, la veuve Toulet, seulement 43 599 fr. 92 ; les gants et la parfumerie 57 184fr. 33 ; la chaussure, bas et souliers : 52 615 fr. 77.

La grande dépense est donc en modes, étoffes de soie, confection des robes, robes et grands habits, dépense qui, à elle seule, atteint en six ans 1 573 653 fr. 79, sans compter les dettes, sans comprendre rien des parures du Sacre ou des grandes cérémonies officielles pour lesquelles l’Empereur alloue des crédits spéciaux. Sur ces 1 500 000 francs, Leroy, le grand couturier, touche,