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budgets anglais que depuis l’administration de sir Robert Peel, de M. Gladstone et d’autres grands hommes d’Etat modernes. Mais de tout temps les ministres des finances, les chanceliers de l’Echiquier, pour les appeler de leur nom propre, ont travaillé à la réduction du capital et des intérêts de la Dette, la seconde de ces tâches devenant d’autant plus aisée qu’ils réussissaient mieux à accomplir la première. Jusqu’en 1815, leur effort, considéré dans son ensemble, a été un travail de Pénélope : les sommes empruntées à nouveau dépassaient d’une façon formidable celles qui étaient amorties. Mais le principe ne s’enracinait pas moins dans l’esprit des ministres et, chose plus importante, des Parlemens. Chacun se pénétrait de cette idée que la Dette publique n’est pas une sorte de condition naturelle et nécessaire d’existence des budgets ; que les générations successives ne sont pas destinées à en supporter à tout jamais le poids écrasant ; que celles-là mêmes qui l’ont assumé ont pour premier devoir de songer à le supprimer et doivent, à la minute où les événemens le permettent, travailler à cette suppression.

Aussi verrons-nous les idées d’amortissement, de réduction d’intérêt, de transformation de dette perpétuelle en dette viagère ou en annuités à terme fixe, de rachat de certains impôts au moyen du versement d’une somme une fois payée, se répandre chaque jour davantage. Il semble que l’ingéniosité des financiers anglais s’applique sans relâche à explorer tous les coins du budget, de façon à y découvrir à toute heure de nouvelles ressources applicables à la diminution de la Dette publique. Les procédés les plus variés sont mis en œuvre ; peu leur importe la complexité apparente des méthodes suivies, pourvu qu’elles convergent toutes vers un but unique. A mesure que nous avancerons dans cette étude si instructive, nous verrons les ministres aborder avec une audace croissante l’éternel problème qu’ils considèrent comme posé devant eux et vers la solution duquel chacun fait un pas.

La division de notre étude est tracée par les faits. Dans une première partie, nous résumerons l’histoire de la Dette anglaise au XVIIIe siècle ; la seconde sera consacrée à la période de la lutte contre la France ; la troisième embrassera l’époque moderne, depuis 1816 jusqu’à nos jours. Nous examinerons ensuite l’état actuel de la Dette et les méthodes en vigueur pour en assurer l’amortissement. Une conclusion dans laquelle nous jetterons un coup d’œil sur l’état général des finances