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atteignait le chiffre qui est encore celui d’aujourd’hui, à savoir 11 015 100 livres, le privilège fut renouvelé, pour la cinquième fois, jusqu’en 1780 ; en 1781, une nouvelle prorogation fut accordée jusqu’en 1812, au prix d’autres avances, que nous nous bornons à mentionner en passant, parce qu’elles ont été remboursées et ne figurent plus aujourd’hui dans le montant de la dette publique. En 1800 le privilège fut prorogé de 21 ans, c’est-à-dire jusqu’en 1833, contre une avance de 3 millions ; il le fut pour la dernière fois en 1833 pour une période de 22 ans, le gouvernement étant autorisé à le dénoncer en 1844, époque à laquelle cette dénonciation eut lieu et l’organisation actuelle de la Banque fut établie. Parallèlement aux mouvemens en capitaux de la dette publique, nous devons signaler, pendant cette période, ceux de l’intérêt servi aux rentiers. En 1717 le taux avait été ramené de 6 à 5 pour 100 ; en 1727, de 5 à 4 pour 100, ce qui procura au Trésor une économie annuelle de 400 000 livres. Une rente 3 pour 100, émise à cette époque, fut cotée en 1736 au pair et en 1737 à 107, cours le plus élevé qu’elle ait jamais atteint.

La guerre de la succession d’Autriche eut l’effet ordinaire de celles qui l’avaient précédée et de celles qui devaient la suivre : en 1748, le capital de la dette atteignait 78 millions. Mais, dès 1749, Pelham réduit la charge d’intérêts, en faisant réussir une conversion de 4 en 3 pour 100, moyennant promesse de payer, à titre intérimaire, 3 1/2 pour 100 aux rentiers jusqu’en 1757. Le taux de 3 pour 100 était du reste alors celui du crédit anglais, puisque des titres de rente de ce type, émis en 1751, s’élevaient dès l’année suivante au cours de 106 3/4.

En 1750 le chiffre de la dette avait été ramené aux environs de 72 millions ; mais en 1763, à la fin de la guerre de Sept ans, il était remonté à 122 millions, sans compter une dette flottante de 14 millions qui, trois ans plus tard, était réduite à 10, et en 1775 à 4 millions. La guerre de l’Indépendance américaine doubla presque la dette consolidée, qui en 1783 s’élevait à 238 millions de livres, environ 6 milliards de francs, chiffre considérable en lui-même, énorme pour le XVIIIe siècle. Le service des intérêts coûtait 6 millions 1/2. C’est pendant cette période de la guerre d’Indépendance que beaucoup d’emprunts furent émis au-dessous du pair ; jusqu’en 1780, cette pratique n’avait guère été en vigueur chez les Anglais, qui aimaient mieux payer l’intérêt que commandaient les circonstances, en recevant la totalité du capital dont ils