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La plupart des emprunts des années suivantes, faits tantôt en 3 pour 100, tantôt en 4 pour 100, consistent en une combinaison démission de rentes et de création simultanée de billets de loterie. A quatre reprises, en 1770, 1772, 1774 et 1775, la loterie fut employée comme moyen de réduire l’intérêt sur une portion de la dette ou d’en racheter le capital. En 1770, les porteurs de 4 pour 100 qui acceptèrent une réduction d’intérêt à 3 reçurent, par chaque 100 livres de leur capital, deux billets de loterie de 14 livres l’un, contre versement par eux de 20 livres. En 1772, les porteurs de 1 500 000 livres d’une dette 3 pour 100, qui en acceptèrent le remboursement au taux de 90, eurent le droit de souscrire, pour chaque 100 livres de capital, 40 livres en billets de loterie vendus à 50. L’Etat reçut ainsi 750 000 livres, et, comme il n’en distribua que 600 000 en primes, réalisa un bénéfice de 150 000 livres.

A partir de 1784, on revint au système inauguré en 1755, et qui consistait à procurer à l’Echiquier une partie des ressources dont il avait besoin dans l’année par l’émission d’une loterie. Ces loteries pures, dégagées de toute combinaison avec un emprunt en annuités terminables ou perpétuelles, avaient eu lieu quatre fois de 1755 à 1784. Il y en eut désormais une, régulièrement tous les ans, jusqu’en 1823 : l’écart entre le total des sommes reçues du public et le montant des lots représentait pour l’Echiquier une recette nette qui a varié de moins de 90 000 à plus de 500 000 livres par an. De 1802 à 1816, c’est-à-dire pendant la période qui s’étend entre l’acte d’union de l’Angleterre et de l’Irlande (1800) et la fusion des deux échiquiers jusque-là séparés (1817), le bénéfice se répartit entre les deux îles. L’Irlande n’avait payé ses lots en titres de rente que dans deux occasions, en 1780 et 1781. Ce genre d’opérations a, depuis 1824, disparu du Royaume-Uni. Il subsiste dans plusieurs pays, notamment en Espagne, où il fonctionne régulièrement et constitue un revenu annuel pour le Trésor.

Parmi les emprunts de la guerre de l’Indépendance américaine, nous citerons celui de 1781, qui fut particulièrement onéreux pour le Trésor : contre un versement de 12 millions, celui-ci donna un capital de 18 millions en rentes 3 pour 100 et de 3 millions en rentes 4 pour 100. Chaque souscripteur de 1 000 livres sterling reçut 1500 livres de capital en 3 pour 100, 250 livres de capital en 4 pour 100, et eut encore le droit de souscrire au pair quatre billets de 10 livres dans une loterie de 480 000 livres.