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pour les écoles d’horticulture. Là, on pourrait largement distribuer les bourses, car les débouchés sont nombreux ; un jardinier peut s’établir à son compte sans posséder de grands capitaux, il se place aisément dans les propriétés particulières ; enfin le commerce des fleurs, celui des légumes, prennent une telle extension, que les grands établissemens déjà créés emploieront aisément un nombre croissant de jeunes gens instruits dans des écoles spéciales ; et, sans faire le moindre tort à l’école de Versailles dont la réputation est bien établie, on transformerait, je crois, avec grand avantage quelques-unes de nos trop nombreuses écoles pratiques en écoles d’horticulture.

Toutes les écoles pratiques actuelles ont été conçues sur le même plan ; leur programme est séduisant ; partager également le temps des élèves entre les travaux pratiques et l’enseignement théorique paraît judicieux… L’expérience enseigne cependant que ces écoles ne répondent pas aux besoins de la culture, qu’elles se recrutent difficilement ; il faut donc essayer autre chose, et, au lieu d’établissemens similaires, avoir au contraire des écoles à enseignemens variés avec les régions. Ces transformations seront délicates, il conviendra de se renseigner auprès des populations, de savoir quels sont leurs besoins et de décider seulement après une enquête minutieuse.

Enfin, et j’aborde là un sujet sur lequel le rapport ministériel est absolument muet, je crois qu’on transformerait avec un immense avantage quelques-unes de nos écoles pratiques en stations agronomiques véritablement dignes de ce nom.


II. — LES PROGRÈS AGRICOLES DECOULENT DES DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES

On estimait à 5 milliards la production agricole annuelle de la France, il y a cinquante ans ; on l’évalue aujourd’hui à 10 milliards. Cet admirable progrès découle pour la plus grosse part des découvertes qui se sont succédé pendant la seconde moitié du siècle qui finit.

J’ai vu M. Boussingault pour la dernière fois en 1884 ; malgré ses quatre-vingt deux ans, il était encore très causant, et au cours de notre entretien, il me dit : « Quand on écrira l’histoire de nos travaux, il faudra se rappeler où l’on en était quand j’ai commencé. On ignorait que le foin renfermât de l’azote ! » et il me raconta l’anecdote suivante, à laquelle est mêlé le grand nom du