Pourtant il en reste encore quelques-uns, et de tous les genres, et l’œuvre si hardiment entreprise, bien qu’elle soit conduite avec une admirable persévérance, est encore assez éloignée de son terme.
On a dit que l’empereur Guillaume, au cours du voyage qu’il s’apprête à faire en Orient et qui doit le conduire de Palestine en Égypte, avait refusé d’être, dans ce dernier pays, l’hôte des Anglais. C’était bien le moins qu’il ait eu cette convenance à l’égard du sultan qui doit, le premier, le recevoir à Constantinople. Mais on sait que l’Égypte n’est pas le but principal de l’Empereur. Nos lecteurs ont pu lire dans le dernier numéro de la Revue un article plein de renseignemens précis sur les origines et sur les développemens de sa politique religieuse dans les pays d’Orient et d’Extrême-Orient. Tout donne à croire que s’il n’a pas l’intention formelle de supplanter la France dans l’exercice de son protectorat catholique, il se propose du moins de porter à ce protectorat une atteinte très grave. Le péril pour nous était si évident que les hommes politiques et le gouvernement ne devaient pas être les seuls à s’en préoccuper ; le monde religieux a pris sa part à cette inquiétude, et les prélats qui le représentent avec le plus d’autorité ont fait entendre leur voix à Rome. A la date du 20 juillet dernier, le cardinal Langénieux, archevêque de Reims, a annoncé au Saint-Père l’intention de fonder un Comité national pour la conservation et la défense du protectorat français. Son œuvre sera singulièrement facilitée par l’approbation éclatante qu’elle a reçue au Vatican. La lettre de Léon XIII, en date du 20 août, — un mois jour pour jour après celle de Mgr Langénieux, — confirme notre protectorat dans des termes qu’aucun pape n’avait encore employés. « La France, dit cette lettre, a en Orient une mission à part que la Providence lui a confiée, noble mission qui a été consacrée non seulement par une pratique séculaire, mais aussi par des traités internationaux, ainsi que l’a reconnu de nos jours Notre Congrégation de la Propagande par sa déclaration du 22 mai 1888. Le Saint-Siège, en effet, ne veut rien toucher au glorieux patrimoine que la France a reçu de ses ancêtres, et qu’elle entend sans nul doute mériter de conserver, en se montrant toujours à la hauteur de sa tâche. » Que ce soit là l’intention de la France, nul ne peut en douter. Tous les gouvernemens qui se sont succédé chez elle en ont à l’envi donné la preuve, et depuis l’établissement de la République, les ministères radicaux se sont, sur ce point, montrés aussi résolus que les ministères modérés : on en a la confirmation aujourd’hui même. C’est qu’il y a là, comme l’a dit le Saint-Père, un héritage national, et que