sont aperçus, et ils en ont consigné la remarque ; mais ils n’ont tiré aucune conclusion de cette constatation faite incidemment.
Les observations de solubilité de l’argon peuvent servir à montrer que ce gaz préexiste bien dans l’atmosphère et qu’il n’est point le résultat du traitement plus ou moins violent auquel, pour l’obtenir, on soumet l’air atmosphérique. La dissolution d’un gaz dans l’eau est une opération physique incapable de produire aucune altération chimique ; et puisqu’elle permet, après absorption de l’oxygène à froid, de constater dans le résidu la présence d’un gaz plus soluble et plus lourd que l’azote pur, elle fournit une preuve bien manifeste de la préexistence de l’argon.
La méthode à la fois simple et élégante de l’atmolyse imaginée par Graham conduit à la même conclusion et achève de la consolider. Nous n’avons pas le loisir de nous y attarder. Il faut arriver aux questions dernières.
Etude spectroscopique. — Les gaz sous faible pression, lorsqu’ils sont traversés par des décharges électriques, deviennent lumineux ; chacun donne lieu à une lueur spéciale. On réalise, en associant des tubes de formes variées, remplis de gaz différens, des jeux de coloration, qui sont un amusement pour l’œil et l’une des applications frivoles de l’électricité. Cette lumière, émise par le gaz dilué et électrisé, est caractéristique pour chacun d’eux. Il suffit de l’analyser avec soin au moyen du prisme qui la disperse en un spectre étendu, pour y trouver des particularités qui définissent absolument sa nature. Il s’agit de ces raies brillantes que Wollaston et Frauenhofer observèrent pour la première fois dans la lumière qui vient de l’atmosphère incandescente du soleil et qui se retrouvent dans le spectre des gaz électrisés.
L’étude de chacun de ces spectres et du système de ses raies caractéristiques constitue l’analyse spectrale. Pour obtenir le spectre d’émission d’un gaz tel que l’argon, on en introduit une petite quantité dans un tube de Plücker où l’on a fait le vide de manière que la pression ne dépasse pas quelques millimètres et n’oppose pas une résistance insurmontable au passage de l’électricité. Lorsque la décharge traverse l’appareil d’un bout à l’autre la partie étroite du tube s’illumine d’un trait de feu. Ce trait lumineux est étalé par le prisme en un spectre coupé de raies brillantes dont la distribution est particulière à chaque corps simple. La position de chaque raie dans le spectre est précisée par la