échange des aiguilles, des clous, de la poudre, des fusils de traite et surtout de l’eau-de-vie. Suivant le genre du commerce qu’ils y pratiquaient, ils donnèrent aux diverses parties de la côte des noms qui sont encore en usage aujourd’hui. Au nord du rio Cavally étaient la côte des Graines et la côte du Poivre ; au midi de cette rivière et jusqu’au fleuve Assinie était la côte d’Ivoire ; entre la rivière d’Assinie et la rivière Volta le littoral fut appelé côte d’Or, entre la rivière Volta et l’embouchure du Niger, côte des Esclaves ; on eut la côte de l’Huile au-delà du Niger.
Tous ces concurrens, naturellement, se gênaient. Les Anglais, plus habiles et plus tenaces, réussirent à les évincer tous. Les premiers qui abandonnèrent la partie furent les Brandebourgeois. Les Français durent disparaître à leur tour. La Compagnie d’Afrique sombra, et Assinie fut évacué. Le dernier point qui resta soumis à notre influence, Whydah, fut perdu pendant les guerres de la Révolution. En 1840, il ne restait plus sur la côte de Guinée, en dehors des possessions anglaises, que des comptoirs danois et hollandais. L’Angleterre acheta les premiers en 1851, et acquit les seconds en 1871, contre l’abandon de droits qu’elle s’arrogeait sur certains points de l’île de Sumatra. Elle se trouva ainsi avoir recueilli l’héritage de toute l’Europe marchande à la côte de Guinée. Mais même là ne s’arrêta pas son ambition coloniale. En dehors des anciens comptoirs fondés par les Européens, il y avait sur ce littoral des points fort importans que ces derniers avaient négligé d’occuper ; c’étaient Lagos sur la côte des Esclaves, mouillage excellent et débouché naturel de toute la région, et surtout les embouchures du Niger. Les Anglais, qui voulaient s’assurer le commerce de tout le pays, s’en emparèrent. En 1861, ils s’établirent à Lagos, acquirent l’année suivante tout le littoral qui s’étend de Lagos à Badagry, et, en 1881, prirent pied sur les deux rives et aux embouchures du Niger.
En possession de la côte d’Or, de la meilleure partie de la côte des Esclaves, des embouchures du Niger, il ne dépendit alors que de l’Angleterre de devenir la maîtresse exclusive de tout le littoral atlantique depuis les frontières de Sierra-Leone jusqu’au Congo sur un développement de côtes de près de quatre mille kilomètres. Elle eût ainsi constitué à son profit de ce côté de l’Atlantique un empire d’un seul tenant faisant face à l’État brésilien et égal à ce dernier en étendue. Pour cela il lui suffisait de déclarer territoire anglais toute cette partie de la côte