propres à l’amélioration de la condition des noirs et à leur évangélisation. L’amiral Trotter la dirigeait, et un certain nombre d’indigènes en faisaient partie. Parmi eux était le jeune Samuel Crowther qui devait montrer à quel degré rare de civilisation et de culture peut parvenir le noir lorsqu’il est placé dans de bonnes conditions de milieu. Nommé pasteur à Sierra-Leone, puis sacré à Londres évêque d’Abbéokouta et du Niger, Crowther acquit une influence extraordinaire parmi ses congénères, les Nagos, et devint le plus actif ouvrier de l’influence anglaise sur toute la côte de Guinée et dans le bassin du Niger. Il traduisit la Bible en langue indigène, composa une grammaire, fonda un journal qui, rédigé en langue nago, tira jusqu’à six mille exemplaires. Non moins bon soldat que bon littérateur, Crowther organisa les indigènes en milices locales, leur apprit les premiers élémens de la science de la guerre, et quand les troupes dahoméennes vinrent attaquer Abbéokouta, lui-même dirigea la défense, fit tirer le canon, et eut la satisfaction de voir fuir devant lui des bandes réputées jusque-là invincibles. Aux appels pressans et enflammés de Crowther invitant les Européens à une croisade religieuse et pacifique dans le centre du continent noir, les missionnaires européens et indigènes accoururent. Il en vint d’Angleterre, de Suisse, d’Allemagne, de Norvège ; il en vint surtout de ce réservoir inépuisable de prédicans indigènes qu’est Sierra-Leone. Le pays fut couvert de missions sur le littoral et à l’intérieur. Des temples s’élevèrent à Abbéokouta, à Ibadan, à Illorin, à Oyo, à Oybomochou, dans tous les centres importans de la colonie de Lagos, de l’arrière-pays du Yorrouba et jusque dans la vallée du moyen Niger. Les Nagos se pressaient en foule aux enseigne mens de Crowther et des missionnaires. Si des querelles intestines n’étaient venues armer les unes contre les autres les chrétientés naissantes, si les troupes dahoméennes n’avaient promené dans le pays l’incendie et le massacre, et détruit les plus importantes cités, dès ce moment toute la vallée du bas Niger eût été convertie à la foi protestante et rangée définitivement sous la domination de l’Angleterre.
Les commerçans avaient suivi les missionnaires. Déjà la « grande mission du Niger » avait fondé un comptoir au confluent du Niger et de la Bénoué, et un autre à Egga. Pour ouvrir à ces factoreries les débouchés du Soudan central, lord Palmerston lui-même organisa la célèbre expédition de Richardson, Overweg et