privilèges ; on ne les a point aidés ni soutenus. Ils n’ont eu à faire aucune concession ; et, sous des cieux nouveaux, s’ils ont senti surgir et s’agiter en eux des énergies nouvelles, ils ne les ont exercées aux dépens ni de la rigueur du dogme, ni de la sévérité de la discipline, ni du respect de la hiérarchie. Il ne s’est pas non plus élevé de conflits ni de difficultés graves entre eux et le pouvoir civil. Ils ont trouvé dans la loi politique tout ce qu’il leur fallait de liberté pour élever leurs églises, instituer leurs « congrégations, » pratiquer leur culte et propager leur foi. L’Etat de son côté n’a pas eu à se plaindre, ou plutôt, il n’a pas eu seulement à se soucier d’eux comme catholiques. On n’a point d’ailleurs prouvé qu’ils fussent de moins bons citoyens que les méthodistes ou les presbytériens. Dans leurs écoles et dans leurs séminaires, leurs conciles ont tenu la main à ce qu’on enseignât l’amour de la patrie : studiose quoque tradenda erit historia tum sacra tum profana, et præsertim historia patria, quo fiat ut in alumnorum animis Patriæ amor bono civi conveniens foveatur[1]. Et on ne veut point ici faire de comparaisons, parce qu’on n’en a point les élémens, mais il ne semble pas qu’aucune autre forme du christianisme se soit finalement mieux accommodée de ce qu’il y a de plus populaire dans la démocratie des États-Unis.
Ajoutez que l’expérience a été complète. Ce que l’on a pu reprocher quelquefois au catholicisme en Europe, d’avoir inféodé sa fortune à de certains partis politiques, ou de s’être constitué lui-même en « parti, » c’est ce que l’on n’a pas pu lui reprocher en Amérique. On n’a pas pu lui reprocher qu’il voulût restaurer un régime tombé ou un état de choses aboli. On n’a pas pu prétendre qu’il n’usât du nom de la liberté que comme d’un prétexte, ni le faire croire même à ses adversaires. C’est de son fond qu’il s’est développé. S’il s’est montré « libéral » dans son développement et « démocratique, » il a fallu convenir que ce n’était point occasionnellement, mais sans doute parce qu’il y avait dans son principe même des affinités électives pour l’ « état populaire. » « Nous aimons à penser, à tort ou à raison, disait encore Mgr Ireland, que nous sommes aujourd’hui dans le monde les apôtres de la démocratie, et nous ne nous refusons pas à l’honneur de croire que notre ardeur nouvelle rayonne au-delà de l’Atlantique, et
- ↑ Concilii plenarii tertii, etc., p. 77. De puerorum seminariis.