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elle-même. » L’énergie chimique que l’unité de poids de l’aliment est susceptible de déposer dans l’organisme et que l’on évalue d’après les principes de la thermochimie et au moyen des tables numériques de M. Berthelot, de Rubner et de Stohmann constitue le potentiel alimentaire, la valeur énergétique de cette substance, son pouvoir dynamogène. Elle s’exprime en unités de chaleur, en calories, que la substance est susceptible d’abandonner à l’organisme. Le même nombre exprime donc encore le pouvoir thermogène, virtuel ou théorique de la substance alimentaire. Cette énergie étant destinée à se transformer en énergies vitales (travail physiologique de Chauveau, énergie physiologique), la valeur dynamogène et thermogène de l’aliment est en même temps sa valeur biogénétique. Deux poids d’alimens différens pour lesquels ces valeurs numériques sont les mêmes seront dits des poids iso-dynamogènes, isobiogénétiques, isoénergétiques ; ils s’équivaudront au point de vue de leur valeur alimentaire. Et enfin, sir comme c’est le cas habituel, le cycle de l’énergie s’achève en production de chaleur, l’aliment qui a été utilisé à cet effet a une valeur thermogène réelle identique à sa valeur thermogène théorique, — on pourra la déterminer, expérimentalement, par la calorimétrie directe.


III

L’aliment est une source d’énergie calorifique pour l’organisme parce qu’il s’y décompose. La chimie physiologique nous apprend que, quelle que soit la manière dont se fait sa dislocation, elle aboutit toujours au même corps et libère toujours la même quantité de chaleur. Mais, si le point de départ et le point d’arrivée sont les mêmes, il est possible que la route parcourue ne soit pas constamment identique. Par exemple, 1 gramme de graisse fournira toujours la même quantité de chaleur, 9,4 calories, et sortira toujours à l’état final d’acide carbonique et d’eau. Mais de la graisse au mélange gaz carbonique et eau, il y a bien des intermédiaires différens. On conçoit, en un mot, des cycles d’évolutions-alimentaires variés.

Au point de vue de la chaleur produite il vient d’être dit que ces cycles s’équivalent. Mais s’équivalent-ils au point de vue vital ?

Imaginons l’alternative la plus ordinaire. L’aliment passe de l’état naturel à l’état final après s’être incorporé aux élémens des