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du monde de la grande couture, mais auprès des diverses chambres syndicales qui tiennent de plus ou moins près à l’industrie de l’habillement et de la toilette, chambres de la confection et de la couture, des dentelles et broderies, de la passementerie, des corsets, etc. Il y a là un fait intéressant à noter, qui montre que les patrons, sans y prêter peut-être autant d’attention qu’il le faudrait, ne se désintéressent pas aussi complètement qu’on les en accuse de la condition du nombreux personnel qu’ils emploient. Quant au but poursuivi par la société, le nom seul, heureusement choisi, suffit à l’indiquer : c’est de créer entre les mères de famille une assurance mutuelle dont elles recueillent le bénéfice au moment de leurs couches. Aux termes des statuts, les membres participantes de la société ont droit à une indemnité de 12 francs par semaine, pendant les quatre semaines qui suivront leurs couches, et à une prime d’allaitement si elles allaitent elles-mêmes leur enfant. En échange de cette indemnité, les participantes prennent l’engagement de s’abstenir de tout travail pendant ces quatre semaines. La société poursuit ainsi un double but : l’un humanitaire, préserver la santé de la mère, l’autre, on peut le dire, patriotique, diminuer la mortalité des nouveau-nés. Avec raison, elle se fait gloire d’avoir ramené entre neuf et dix pour cent parmi ses sociétaires le chiffre de la mortalité des nouveau-nés qui, à Paris, s’élève entre trente-cinq et quarante. C’est assurément un résultat considérable, dont la société a le droit d’être fière. Pour y arriver, elle est obligée de veiller avec grand soin sur ses participantes pendant les semaines qui suivent l’accouchement ; celles-ci pourraient être tentées, en effet, de se remettre au travail, et le chômage absolu est la condition de l’indemnité. Aussi l’allocation des trois premières semaines est-elle portée à domicile par des inspectrices qui s’assurent ainsi que la mère est bien à la maison. La quatrième, au contraire, est touchée au bureau de la société par la mère elle-même en même temps que la prime d’allaitement si elle y a droit. Tout cela est parfait, et je n’aurais qu’à faire l’éloge de ces statuts, si je n’y trouvais une disposition ou plutôt l’absence d’une disposition qui, je l’avoue, m’étonne un peu, bien que ce silence des statuts sur un point capital ait valu à la société certains éloges.

A l’une des premières assemblées générales de la Mutualité maternelle devant toutes les participantes réunies, M. Bassinet, vice-président du Conseil général de la Seine (du moins il